Quoi qu'il ait dit dans un entretien avant son voyage, Emmanuel Macron ne ressemble guère à Donald Trump, ni physiquement, ni psychologiquement, ni moralement. Notre président n'est pas un populiste, il ne passe pas son temps sur Twitter, il ne raconte pas de bobards, et il a une pensée infiniment plus élaborée que celle du chef de la première puissance mondiale. M. Macron souhaite seulement donner aux Français le sentiment qu'il peut s'entendre avec tout le monde, y compris avec ces dirigeants qui font de la défense de leurs intérêts nationaux l'arme unique de leur diplomatie. Le président américain fait partie de ces leaders. Son slogan, « America first » expose parfaitement ses intentions : on s'entendra toujours avec lui si on se rend à ses arguments ou si, tout simplement, on se rend tout court.
Le président français n'est pas ce genre d'interlocuteur. Il a cru en revanche que, par le déploiement de son charme, qui a donné lieu à toutes sortes de commentaires de mauvais goût chez les standing comedians américains, il convaincrait M. Trump sinon sur tous les sujets, au moins sur l'Iran et le commerce mondial. Il a vite abandonné la partie en ce qui concerne la sortie des Etats-Unis du pacte mondial sur le climat. Mais il s'est battu avec acharnement pour que M. Trump reste dans l'accord nucléaire avec l'Iran. Sur ce dossier, il a perdu. Sur le reste, Washington, au lendemain de la visite, laissait entendre que les produits européens exportés vers les Etats-Unis ne seraient pas imposés si l'Union européenne offrait quelques avantages aux exportations américaines.
Macron reconnaît son échec
Pendant son retour, Emmanuel Macron a dit la vérité aux journalistes français qui l'accompagnaient. Il a reconnu son échec. De son voyage, il ne reste donc, en attendant de nouvelles conversations entre diplomates américains et européens, que la célébration tonitruante de l'amitié franco-américaine. Il n'y a pas un démocrate de cœur et d'esprit que ne s'y associerait pas. Cette amitié résulte de l'histoire, de la culture, du sang versé par les citoyens des deux pays dans les mêmes batailles. Mais, aujourd'hui, c'est Donald Trump qui dirige l'Amérique ; et il se trouve que le même Trump a besoin d'acquérir la stature d'un grand président, car, à ce jour, il n'est nullement considéré comme tel par une bonne moitié du peuple américain et pas davantage par le reste du monde. M. Macron lui a donc offert une occasion unique de se débarrasser du costume de clown que lui ont fait revêtir la plupart des commentateurs américains et internationaux. Le président français a même confirmé M. Trump dans un rôle nouveau qu'il a acquis quand Kim Jong-un, le dictateur coréen a donné le signal de la détente dans ses rapports avec le monde en général et avec l'Amérique en particulier.
Depuis quelques semaines, le monde observe M. Trump avec un regard différent. Chacun se demande si la manière forte n'est pas la plus payante face aux manœuvres des apprentis sorciers qui, de Téhéran à Moscou en passant par Ankara, sont en train de bouleverser les relations internationales par la politique du fait accompli. Mais le président actuel des Etats-Unis reste l'interlocuteur peu fiable avec lequel les autres Occidentaux doivent apprendre à composer. Il ne signera pas l'accord de Paris. Il ne restera pas en Syrie pour combattre Daech et protéger les Kurdes, nos alliés, que nous ne cessons de trahir. Il dénoncera l'accord nucléaire avec l'Iran, quelles que soient les conséquences néfastes de sa mesure. C'est un vrai populiste, avec tout ce que cela implique de cynisme, d'indifférence, d'égoïsme. Toutes choses qu'Emmanuel Macron entend combattre au nom de principes sacrés que les pays membres de l'Union européenne sont de moins en moins nombreux à défendre.
Le risque est donc que les idées de Trump se transforment en courant de pensée mondial. Vladimir Poutine est son adversaire, mais, d'une certaine manière, ils sont dans le même camp. Russia first. Iran first. Turkey first. C'est la nouvelle géopolitique à laquelle M. Macron vient, contre son gré, d'apporter sa caution.
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