C’EST UNE CARTE en papier, une simple carte de la taille d’un permis de conduire, facile à glisser dans le portefeuille ou dans les étuis pour ordonnance. En première page, le patient y indique son identité et sa date de naissance. Sur les pages 2 et 3, des emplacements spécifiques sont prévus pour inscrire les coordonnées du médecin hospitalier, de l’infirmier, du médecin traitant et du pharmacien. En dernière page, un mémo rappelle au patient les démarches importantes à réaliser pour optimiser la coordination des soins en cas d’hospitalisation. Cette carte simple mais inédite, c’est la carte de coordination de soins proposée par l’union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Île de France sur l’initiative de Béatrice Clairaz, pharmacienne à Chatenay-Malabry. « Cette carte est le prolongement de ce que je faisais déjà pour mes patients chroniques, notamment en oncologie. Comme de nombreux confrères, j’ai souvent été confrontée à des problèmes de communication lors de sorties hospitalières. » Au sein de l’URPS d’Ile-de-France, elle a donc créé un groupe de travail avec des médecins, des pharmaciens et des infirmiers : « Ces trois professionnels sont les plus concernés par les sorties hospitalières. Quand un patient revient à son domicile après un séjour à l’hôpital, il va voir son pharmacien pour la dispensation de son ordonnance, son infirmière pour réaliser les soins nécessaires, et son médecin traitant pour faire le point. »
Le format papier s’est imposé.
« Nous avons travaillé sur le projet pendant un an. Nous nous sommes appuyés sur une expérimentation que j’avais réalisée dans les Hauts-de-Seine et qui avait mis en évidence un certain nombre de difficultés quand les patients sortent de l’hôpital. Pour lever ces obstacles, il fallait donc, a minima, que chaque professionnel de santé intervenant dans la prise en charge d’un patient, libéral ou hospitalier, puisse disposer des coordonnées des autres soignants. » Très vite, le groupe de travail a opté pour le format papier, plus simple à utiliser et plus facile à mettre en œuvre. « Nous voulions un système simple et rapide à mettre en place. Pas une usine à gaz coûteuse et irréalisable », précise notre consœur. Les URPS d’Ile-de-France des médecins, des infirmiers et des pharmaciens ont financé l’ensemble du projet. « L’ARS ne nous a pas suivis parce qu’elle souhaitait un outil numérique », souligne Béatrice Clairaz.
À partir de septembre 2013, la carte a été diffusée à 150 000 exemplaires aux médecins, pharmaciens et infirmiers de la région afin d’être remise aux patients chroniques suivis à la fois en ville et à l’hôpital. « Dans un second temps, nous avons présenté cet outil au corps hospitalier et aux associations de patients. L’accueil a été très favorable et la simplicité de cette carte a séduit rapidement. » À ce jour, Béatrice Clairaz continue à promouvoir la carte de coordination, avec un succès croissant. « Récemment, l’Institut Gustave Roussy (IGR) a annoncé que cette carte serait proposée systématiquement à tous les nouveaux entrants. »
Vers une utilisation élargie.
Une enquête menée par l’URPS pharmacien en 2014 a révélé que 80 % des professionnels jugeaient cette carte utile. L’ARS, qui n’avait pas voulu financer le projet initial, a finalement révisé sa position face au succès rencontré par cette simple carte en papier. « L’ARS souhaite développer le lien ville-hôpital. Elle nous a consultés et a exprimé son souhait de favoriser l’utilisation de cette carte. » Une belle récompense, si ce n’est une douce revanche. « D’après notre enquête, 67 % des personnes interrogées seraient favorables à une application via smartphone, mais 74 % souhaitent maintenir la carte papier. On peut très bien imaginer deux supports. Nous avons lancé un appel à projet pour développer cette carte sous format numérique. »
L’autre récompense, c’est l’exportation de cette carte dans d’autres régions françaises, à l’instar de l’URPS de Bretagne qui a demandé l’autorisation de la reproduire. « Cette carte a permis de créer des réflexes, dont celui d’identifier les soignants intervenant auprès d’un patient. Elle permet de replacer le pharmacien au cœur de la prise en charge », conclut Béatrice Clairaz.
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