Le Quotidien du Pharmacien. – Comment fonctionne l'odorat et quel est son rôle dans le corps ?
Julien Grobert. – L’olfaction est l’un des sens les plus complexes à comprendre pour les chercheurs. Certaines expériences prouvent que l’odorat est déjà développé chez le fœtus après quelques semaines de vie utérine. Ce sens serait d’ailleurs le plus sensible chez l’homme, 1 000 fois plus sensible que l’organe gustatif et l’un des plus primaires. La muqueuse olfactive, avec seulement 5 cm² de surface (et 50 millions de cellules), se renouvelle tous les 28 jours et participe également à son extrême sensibilité. Depuis la Renaissance, les recherches n’ont cessé de progresser mettant toujours en avant les capacités uniques de ce sens. Il a par exemple été prouvé que le sens olfactif constitue la plus grande famille de protéines de l’être humain : 1 % de notre génome serait consacré à traiter des informations issues du système olfactif (Buck et Axel, 1991). Les capacités impressionnantes de l'odorat peuvent également s’expliquer par le lien direct qu’il entretient avec le cerveau. Les bulbes olfactifs se trouvent juste au-dessus du nez et sont des extensions du cerveau qui filtrent et envoient les impressions essentielles au système limbique.
Comment les odeurs peuvent-elles produire une émotion ?
Les terminaisons nerveuses de la muqueuse olfactive sont directement reliées au siège des émotions (système limbique). C’est pour cette raison physiologique que les odeurs provoquent des émotions d’une intensité souvent plus grande que celles provoquées par d’autres sens. Comme tous les stimuli sensoriels, les odeurs sont détectées puis traitées par le cerveau. Ces dernières ont un effet direct sur les ondes alpha et bêta qui servent de stimulants à l’activité cérébrale (Diego et al., 1998 ; Lorig et Schwartz, 1988). Certaines odeurs, telle la lavande, auraient des capacités relaxantes en augmentant la fréquence des ondes bêta. D'autres auraient pour effet une augmentation de la stimulation émotionnelle (ou cognitive) des individus par une baisse simultanée des ondes alpha et bêta.
Pourquoi l'odeur est-elle intimement liée à la mémoire ?
Le sens olfactif est en effet très étroitement relié à la mémoire chez l’homme. Parmi les premiers chercheurs à avoir travaillé dessus, Engen et Ross (1973) se sont aperçus que si, quelques heures ou quelques jours après l’exposition à des stimuli olfactifs, les souvenirs étaient beaucoup plus importants (odeurs, reconnaissance, nom de l’odeur, association, etc.), après trois mois, les souvenirs créés en situation de diffusion d’odeurs restaient importants. En 1989, une étude réalisée par Engen montre que « pour des durées de rétention de plusieurs mois la déperdition n’est que de 5 % pour les odeurs contre 50 % pour les images ». Les odeurs augmenteraient donc le pouvoir de mémorisation et faciliteraient la rétention d’informations, la mémoire olfactive conduisant les individus à effectuer des liens, grâce aux émotions associées, entre l’odeur et des éléments précis. Néanmoins, alors que l’homme est capable de distinguer entre 2 000 et 4 000 senteurs différentes, il se heurte à des difficultés importantes lorsqu’il s’agit de se rappeler avec précision d’une odeur et de la nommer, seulement 40 à 400 odeurs étant reconnaissables nominativement.
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