Trop vite, trop peu. La position des Européens était pourtant claire : il n'est pas question de renégocier un accord dont la teneur a été discutée pendant trois ans. De toute façon, il est improbable que la suggestion de M. Johnson puisse être incluse dans l'accord avant le 31 octobre. En outre, le Premier ministre est lié par une décision de la Chambre des Communes : la Grande-Bretagne ne peut pas quitter l'UE sans avoir d'abord conclu un accord avec elle. Boris Johnson continue de gouverner comme s'il était libre d'accomplir les actes qui lui conviennent alors que la Cour suprême a annulé la fermeture de la Chambre des Communes, ordonnée par M. Johnson avec l'assentiment de la reine Elizabeth, et autorisé les députés britanniques à légiférer de nouveau, ce qui a arrêté de facto sa course en solitaire. En d'autres termes, sa crédibilité de négociateur aux yeux de la Commission européenne est à peu près nulle.
Maintenant, tous ses efforts sont concentrés sur la date du Brexit. C'est uniquement pour des raisons personnelles qu'il est si pressé. En contribuant à la chute de Theresa May, il n'avait pour objectif que de mettre fin à un feuilleton qui dure depuis trois ans, ridiculise son pays, divise son peuple plongé dans la crise de nerfs depuis le référendum de 2016. La réalité est qu'il n'existe pas de Superman du Brexit. Mme May voulait concilier la nécessité d'obéir au vote exigeant le Brexit, avec celle de réduire ses conséquences négatives pour la Grande-Bretagne. Les divisions au sein du parti conservateur et l'attitude hypocrite de l'opposition travailliste ont fait qu'aucune des solutions proposées par Mme May n'a convenu aux députés. Elle a dû démissionner et offrir sa succession à son pire adversaire.
M. Johnson, qui se croyait porté par une grande vague populiste, s'est heurté aux même caprices de la Chambre, qui lui demandait un Brexit confortable pour les Britanniques, solution totalement introuvable. Il s'est donc retrouvé dans une position aussi mauvaise que celle de Theresa May et il a cru venir à bout de son opposition interne par un coup de force : la fermeture de la Chambre.
Forcé par la justice de renoncer à sa stratégie, il n'a, en vérité, plus rien à proposer, sinon un habillage de l'accord avec l'UE qui ne règle rien, et pas, en tout cas, la question de l'Irlande du Nord. Si un jour celle-ci devait ériger une frontière avec la République d'Irlande, on verrait réapparaître tous les démons de la guerre civile. Entre son autoritarisme, qui menace la démocratie britannique, et les faibles concessions qui, pour lui, ne sont qu'une façon de noyer la crise dans des dispositions de plus en plus complexes et de moins en moins réalistes, Boris Johnson ne peut sauver sa peau (politique) qu'en dissolvant la Chambre des Communes et en demandant des élections anticipées.
Le temps presse
D'aucuns pensent qu'il est capable de ne pas annoncer le Brexit le 31 octobre, mais qu'il le ferait quelques jours plus tard. Il a beaucoup joué avec les règles jusqu'à présent et il ne peut plus cacher son inquiétude. Il sait que, s'il continue à jouer avec les institutions comme dans une République bananière, il va finir par forger une majorité contre lui. Elle serait composée des travaillistes et d'une partie des tories exaspérés par ses manières.
Le vrai problème n'est pas Johnson, condamné par ses propres actes et dont l'espérance de vie politique devient courte, c'est l'absence d'un leader charismatique capable de trouver une majorité autour de l'accord conclu par Theresa May, ce qui aurait l'avantage de préserver nombre d'intérêts commerciaux de la Grande-Bretagne et de l'Europe, tout en répandant une fausse nouvelle : le Brexit a eu lieu ! Bien entendu, un Brexit au sein de l'union douanière ne serait qu'une illusion, mais le temps presse. La colère des Britanniques est moins centrée aujourd'hui sur le Brexit que sur la fin d'un débat qui en train de détruire l'unité britannique.
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