« QUAND J’ÉTAIS ENFANT, nous allions toutes les semaines au cinéma en famille, au Métropole et au Gaumont Palace, qui était le plus grand cinéma d’Europe en 1950. J’ai ainsi vu beaucoup de films d’adulte, ce qui a été très formateur. » Marqué par les têtes d’affiche de l’âge d’or du cinéma – Jean Gabin, Jean Marais, Danielle Darrieux, Edwige Feuillère – le garçonnet cultive la nostalgie du septième art lors d’un déménagement en banlieue, qui l’éloigne du grand écran : désormais, il profitera des vacances scolaires pour assouvir sa passion. « L’armoire volante, avec Fernandel, m’a particulièrement touché, j’avais huit ans. On y voit réellement vivre les gens, alors que, aujourd’hui, les personnages des films sont souvent des héros ! » Au temps de la faculté de pharmacie, c’est le bonheur : le jeune homme écume les cinémas du quartier latin et voit près de 200 films par an ! « Ca m’a fait redoubler ! Mais je voulais être pharmacien depuis l’âge de trois ans : j’ai une véritable passion pour les poisons ! D’ailleurs, Blanche Neige et la sorcière à la pomme empoisonnée est vraiment le film qui m’a confirmé ma vocation. » Jean Lamarche commence à monter sa collection de films dès l’apparition du magnétoscope grand public, en 1974, et organise ensuite des projections chez lui, entouré d’amis.
Le virus de la plume.
« J’allais aussi de nouveau régulièrement au cinéma et je rédigeais des fiches de film par plaisir. Je voulais montrer aux plus jeunes que le bonheur du cinéma dure toute la vie. Ma première critique publique, rédigée sur www.allocine.fr, un site Internet de référence en matière de cinéma, date d’une séance avec le réalisateur Pascal Thomas, un habitant de mon quartier. Nous avions vu « L’heure Zéro », en octobre 2007. » Désormais, l’habitude est prise : Jean Lamarche écrit une critique dès qu’il voit un film. Et il en visionne 170 par an ! En 2008, il reçoit une lettre d’Allociné : le site l’a choisi pour intégrer le club des 300 sous le pseudonyme de ttnougat. Rien de moins qu’un cercle de privilégiés qui bénéficient de séances en avant-première plusieurs fois par an. Un sacré trésor. « Grâce à mon tableur informatique, j’élabore une cinémathèque virtuelle qui contient maintenant plus de 13 000 films, sélectionnés et classés selon des catégories bien précises : typologies, année de sortie, nom du metteur en scène, les cent plus beaux films américains… »
Pharmacien engagé.
Un travail d’orfèvre qui ne s’arrête pas en si bon chemin : il relie même le cinéma à la pharmacie ! « Je considère qu’il peut véritablement être une thérapeutique car il embellit la vie. » Dans un texte intitulé « Cinéma et pharmacie », il livre son ordonnance avec humour. « Un surdosage peut se produire si on voit "West Side Story" plus d’une centaine de fois ; mieux vaut suivre la posologie et voir certains films au moins deux fois comme Mulholland Drive de David Lynch… » Ce n’est pas un hasard si, après Argenteuil et Pierrefites, Jean Lamarche a exercé dans une pharmacie du VIIe arrondissement de Paris, situé à moins de 60 mètres du cinéma la Pagode, seule salle obscure du quartier. Infatigable, il poursuit son engagement dans cette officine, en tant que pharmacien bénévole et aide son ancien associé. Toujours inscrit à l’Ordre, il a également créé le forum Croix verte et ruban rouge, qui réunit plus de 300 pharmaciens pour la prévention des toxicomanies et du sida. Membre d’une commission de l’AFSSAPS, du bureau Ile-de-France de l’UTIP, de l’Académie nationale de pharmacie, il trouve encore le temps d’entretenir sa forme à la piscine et sur son vélo. Mais le cinéma reste sa passion première : « Une source inépuisable de richesse et de réflexion qui m’a permis de mieux comprendre les hommes, et en particulier les addictions. Je relie ce loisir à mon métier. Dans mes interventions sur la toxicomanie dans les lycées, je commence toujours par parler des films qu’ils vénèrent (Jason Bourne, X-Men, Avatar…) et les élèves sont alors toutes ouïes ! »
Blog sur Allociné : http://ttnougat.mon.allocine.fr/
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