Ce n'est pas un conte de fées, mais une belle histoire d'enfants. Isabelle avait 15 ans quand elle a rencontré Jean-Michel, 17 ans, son futur mari. Elle jouait aux Legos, ces petites briques colorées, d'origine danoise, lui aux Playmobils, des petits personnages également colorés.
« Au lieu de fumer, ou de sortir en boîte (de nuit), on a joué aux Playmobils », résume Isabelle Leuillier, aujourd'hui 48 ans, et pharmacienne à Montreuil-sur-mer (Pas-de-Calais).
Quand la petite poupée en plastique a été créée en Allemagne, en 1974, Isabelle Leuillier et son mari étaient encore enfants. Plus tard, depuis Amiens où elle vit et ira en faculté, ils vont tous deux sillonner le nord de la France, la Belgique et l'Allemagne, pour acheter leurs petits jouets.
« Je ne sais pas combien on en a aujourd'hui, mais mon mari estime la collection à 330 mètres cubes, et on continue à en acheter, tout le temps, ce sont tous les cadeaux que nous nous faisons, même à Noël. »
Expositions
Isabelle et Jean-Michel Leuillier pensaient « être les seuls fous au monde », mais ils ont vu une première exposition, en 2008. Dès l'année suivante, ils faisaient leur première exposition, « pour faire vivre la collection, pour partager avec le public ».
Les Leuillier créent des places publiques, des grands bâtiments, des scènes historiques, comme les Bourgeois de Calais. Leur plus grande exposition, à Calais justement, s'étendait sur 550 m2. « Il a fallu huit jours d'installation. Certaines expositions présentent 50 000 personnages, à monter un à un, plus les décors », précise la consœur. Tous les thèmes sont abordés : l'histoire de l'Amérique, la construction des pyramides d'Égypte, avec trois cents galères romaines, elle fait des châteaux de princesse pour les petites filles. « On apprend l'histoire en même temps, et pendant l'exposition mon mari commente les scènes, tout en répondant à son téléphone pour son travail ! »
100 % Playmobil
À la maison, tout est 100 % Playmobil : « Notre fils Eric, qui a 13 ans, ne sait même pas que ce sont des jouets. » Il est d'ailleurs actionnaire minoritaire de la société qu'ils ont créée. « Mon mari est 100 % Playmobil, alors que moi, j'aime bien "customiser". Dans cette pharmacie, le préparatoire, les petits pots Vicks, ne viennent pas de la marque, j'aime bien varier. »
Elle a même embrouillé un commercial en décorant la vitrine de la pharmacie d'une saynète autour d'un produit : le commercial ne connaissait pas cette présentation et a téléphoné à son patron en se plaignant de n'avoir pas été informé de cette promotion !
Isabelle et Jean-Michel Leuillier sont de vrais stakhanovistes du Playmobil. Ils réalisent jusqu'à vingt expositions par an en Nord Picardie, dépensent une fortune à acheter des pièces, et ne prennent pas d'autres vacances. Une exposition demande trois à huit jours de montage, et reste ouverte trois à quinze jours, pendant lesquels elle se relaie avec son mari, puis une soirée de démontage. « C'est un peu chaud, convient Isabelle Leuillier, mais mon mari ne sait pas dire non. »
Parmi leur public, beaucoup d'adultes, même sans enfants, se reconnaissent, se souviennent de leur propre enfance. Isabelle Leuillier avait décoré la vitrine de la pharmacie avec le château de la Reine des neiges (un personnage de Walt Disney) pour promouvoir des brosses à dents. « Tout le monde voulait le château, personne les brosses à dents ! », en rit-elle encore. Pareil pour une promotion de Vichy.
« J'ai le sentiment que cela me permet de rester jeune, et on fait ça en famille. Même avec mon beau-père, qui crée les décors et fait les montages avec nous. À la maison le soir, on monte à la mezzanine, on oublie, et on est dans nos créations. » Hors du monde.
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