S’IL EST UN ART qui supporte mal l’improvisation, c’est bien l’art pharmaceutique. Ceux qui le pratiquent - pharmaciens et préparateurs - le savent. Le bon usage du médicament a sa partition. Et la petite musique qu’on entend au comptoir des officines a toutes les allures d’une fugue de Bach. Belle, harmonieuse et carrée. Et il vaut mieux, car la bonne administration des thérapeutiques n’est pas à l’abri d’une fausse note ! Couper en deux un comprimé gastrorésistant, avaler sa simvastatine avec un jus de pamplemousse, conserver plusieurs semaines une solution antibiotique ou encore découper un patch matriciel, sont autant d’attitudes à prévenir chez les patients. Pour préserver l’harmonie, le pharmacien peut jouer de plusieurs instruments. Associer d’abord le conseil à la délivrance de l’ordonnance, mais aussi jouer son rôle d’éducateur thérapeutique auprès des patients chroniques. Il peut également orienter ses clients les plus âgés vers l’achat de piluliers électroniques, dont certains, parfois reliés au téléphone, sont dotés de dispositifs vocaux ou lumineux pour rappeler les horaires de prise. Un autre outil, le dossier pharmaceutique, contribue lui aussi, même si ce n’est pas sa mission première, au bon usage du médicament. De même, explique au « Quotidien » Gilles Bouvenot, président de la commission de la transparence, la bonne information des professionnels est l’une des conditions essentielles du bon usage. Par la rédaction de ses fiches et de ses avis, la commission y travaille sans relâche. Symphonie sans cesse réécrite, le bon usage du médicament laisse décidément peu de place à l’improvisation.