LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Pouvez-vous résumer ce que seront les priorités d’action de votre nouveau mandat ?
ISABELLE ADENOT.- D’abord, continuer de garantir la compétence des pharmaciens. Cela signifie, par exemple, poursuivre le contrôle du suivi de l’obligation du DPC. Aujourd’hui, sur les deux dernières années, on peut déjà se réjouir du fait que 73 % des pharmaciens ont souscrit à cette obligation. Les pharmaciens sont compétents, et ils doivent le rester. Notre rôle est de garantir cette compétence. S’ils perdent cela, c’est un aller simple vers l’abattoir.
Le deuxième axe de mon nouveau mandat concerne l’innovation, notamment permise par la révolution numérique. Refuser les évolutions portées par le numérique serait se condamner. C’est une évidence pour moi. Le numérique est en train de modifier les frontières entre les métiers, la manière de s’exprimer, le rapport au temps… Tous les métiers, y compris celui de pharmacien, sont concernés. Dans cet esprit, nous allons organiser cet automne un Hackathon. On y fera plancher des jeunes sur les applications à développer autour du dossier pharmaceutique. Par ailleurs, nous allons missionner des spécialistes pour procéder à une modélisation prospective démographique des pharmaciens selon les filières. Nous avons besoin d’y voir clair en terme de démographie professionnelle, et c’est encore l’expertise numérique qui nous y aidera.
Une autre de mes priorités sera de poursuivre la réforme de l’Ordre. La réforme de nos structures internes et de l’informatique ordinale est pratiquement achevée. La touche finale de cette réorganisation sera l’arrivée prochaine d’un directeur général. Enfin, la réforme totale de l’institution consistera pour elle à s’adapter à l’évolution des textes tels que la loi de la réforme de l’administration territoriale et celle sur l’égalité entre les femmes et les hommes. L’ordonnance prévue dans la loi dite de « modernisation de notre système de santé » sera le vecteur de cette réforme.
Vous annoncez la révision du code de déontologie des pharmaciens. S’agira-t-il d’un simple lifting ou d’une véritable réforme du texte ?
Quelques éléments d’histoire tout d’abord. Notre premier code de déontologie date de 1953. En 1970, le président Arnal en décidait la révision pour livrer, 25 ans plus tard, le code actuellement en vigueur. Or l’exercice évolue beaucoup. Le code est un guide censé répondre aux questions des confrères. Si ces derniers ne trouvent pas dans leur code de déontologie les réponses à leurs interrogations, c’est que l’outil n’est plus parfaitement adapté. Le texte doit donc être repensé. Les valeurs resteront, ce sont les modalités qui devront être revues pour s’adapter aux conditions humaines, professionnelles et technologiques de l’exercice. Avec cet objectif, des groupes de travail vont être rapidement mis en place pour s’attaquer à ce que je considère comme un point phare de mon nouveau mandat.
Cette réforme prévoit-elle par exemple d’assouplir un peu les règles en matière de communication ?
Il y a de nombreux points à revoir. La communication, certes, mais pas seulement. Il y a aussi les questions relatives à l’information entre professionnels de santé, au secret professionnel et au partage des données de santé…
Le sujet de la vente en ligne des médicaments revient au-devant de l’actualité. Comment comptez-vous traiter ce dossier dans les années à venir ?
La balle est désormais dans le camp du ministère. Puisque ce dernier a proposé des textes à la CNIL*, à la Commission européenne et à la DGCCRF**. Toutes ces institutions s’exprimeront sur ce sujet, et une fois que cela aura été fait, le texte arrivera. L’ambition du ministère est d’aboutir au début de l’hiver 2015. Quant à nous, nous resterons fidèles à deux principes essentiels : ne jamais pousser au mauvais usage du médicament et ne jamais banaliser le geste de la délivrance du médicament par le pharmacien.
** Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
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