L’AFFAIRE n’est toujours pas tranchée. Et les officinaux continuent de perdre environ 40 % de marge à chaque fois qu’ils délivrent une spécialité conditionnée pour trois mois. « Il y a urgence, pour les pouvoirs publics, à arbitrer », affirme Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Car, selon lui, la situation va encore s’aggraver avec la baisse de prix de 5 % sur les grands modèles prévue pour le 1er mars. D’où l’intérêt, à ses yeux, de réviser le mode de calcul de la marge pour les emballages trimestriels, tel que son syndicat l’avait demandé conjointement avec l’UNPF*. Une proposition qui visait à mieux répartir les efforts entre les différents acteurs et qui est soutenue par 95 % de la profession selon l’enquête effectuée auprès de tous les pharmaciens par l’USPO.
La ponction sur la marge de 75 millions d’euros envisagée dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour cette année lui paraît également inacceptable. D’autant que les chiffres ayant servi de base de calcul sont erronés. Notamment ceux avancés par la Cour des comptes. Selon les magistrats, les remises accordées aux officinaux continuent de progresser. Faux, rétorque Gilles Bonnefond, qui assure que les remises ont, au contraire, régressé de 50 millions d’euros l’an passé, malgré le développement du marché des génériques.
Autres dossiers brûlants pour l’USPO, le démarrage d’expérimentations de coordinations des soins dans les EHPAD** et l’élaboration d’un cadre législatif pour les sociétés holdings. « Nous attendons la décision de la Cour de justice européenne concernant les règles de propriétés des officines, indique son président délégué. Mais dès que les conclusions seront connues, la profession doit être prête à proposer des décrets sur les SEL et les SPFPL (sociétés de participation financière de profession libérale, NDLR) qui n’ouvrent pas la porte aux capitaux extérieurs et qui préservent le maillage actuel. » Il faut donc y travailler dès maintenant pour que les jeunes diplômés et nos assistants puissent devenir titulaires dans de bonnes conditions.
Une reconnaissance du conseil pharmaceutique.
Mais pour l’heure, l’attention de l’USPO se porte plus particulièrement sur le projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) dont l’examen débutera mardi 10 février à l’Assemblée nationale. Sur ce dossier, la profession, qui devrait présenter quatre amendements, semble à l’unisson. Syndicats et Ordre comptent ainsi faire inscrire dans les soins de premiers recours, le conseil pharmaceutique. Pour Gilles Bonnefond, c’est la meilleure défense face à ceux qui, tel Michel-Edouard Leclerc, lorgnent sur les produits vendus en pharmacie. « Le conseil du pharmacien doit être reconnu comme un acte de soin à part entière non seulement par les patients, mais aussi par les pouvoirs publics et les organismes complémentaires », ajoute-t-il. L’objectif de l’USPO est, en effet, que les mutuelles et les assurances prennent en charge les médicaments « conseil » dispensés dans ce cadre. « Des négociations sont d’ores et déjà engagées avec les organismes complémentaires pour organiser ce remboursement », précise le président délégué de l’USPO.
La loi HPST doit être également l’occasion d’écrire noir sur blanc l’étendue des missions du pharmacien (voir encadré). Même si certaines d’entre elles font déjà partie de son quotidien, la démarche a son importance. Dans le domaine de la santé publique, par exemple, les textes législatifs ne prévoient rien de précis. Du coup, craint Gilles Bonnefond, il est toujours possible de contester la légitimité du pharmacien à participer à telle ou telle initiative. De plus, en l’absence de définition exacte du champ d’action des officinaux, celui-ci estime que les assurances professionnelles pourraient refuser de couvrir les confrères lors de certaines opérations. Bien entendu, qui dit nouvelles missions, dit nouvelles rémunérations spécifiques.
Un pharmacien traitant.
Gilles Bonnefond défend également l’idée de création d’un nouveau statut pour l’officinal, celui de « pharmacien traitant ». « Si on nous confie le suivi des traitements ou l’éducation thérapeutique des patients, ces derniers doivent pouvoir choisir leur pharmacien », explique-t-il. « Il n’y a pas de risque de confusion entre un médecin et un pharmacien traitants. Au contraire, il s’agit de clarifier et d’optimiser les actes des uns et des autres. La coopération entre professionnels de santé se fera au travers de protocoles validés par la Haute Autorité de santé », insiste le président délégué de l’USPO. Pour ce dernier, cette notion de pharmacien traitant permettra également de répondre au déficit de médecins dans certaines zones géographiques qui, par ricochet, pourrait entraîner la disparition d’officines. Enfin, l’USPO souhaite que la future loi HPST offre la possibilité aux officinaux de dispenser des services à la personne.
« On peut faire confiance à la profession, conclut Gilles Bonnefond. Nous avons réussi le renouvellement des ordonnances pour les malades chroniques, la dispensation des vaccins antigrippaux, la substitution générique ou encore la délivrance de la pilule du lendemain. La profession est désormais prête pour la coordination des soins et le pharmacien traitant. »
** Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
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