Elsie, Boticinal et plus récemment Apothical, pour ne citer qu’elles : il n’est pas une année qui ne voit surgir de nouvelles entités dans le monde des groupements. Paradoxalement, le marché démontre en même temps des tentatives de concentration puisque des rapprochements, sinon des regroupements, s’opèrent. On se souvient de l’arrivée de Réseau santé et de PHR dans l’orbite de l’OCP en avril 2018, de l’ouverture, le même mois, du capital de Ceido à Cegedim, du rapprochement de Forum Santé et d’Univers Pharmacie en septembre 2017, puis, plus récemment, de l’accord de coopération conclu entre Univers Pharmacie et Le Gall Santé services.
Ces synergies se créent à l’instar des regroupements observés entre les officines. Elles sont animées par les mêmes objectifs avec, en premier lieu, l’optimisation de la performance des structures dans un marché officinal en pleine mutation. À en croire certains présidents de groupements, ce mouvement de concentration ne ferait que commencer. Les groupements se trouvent en effet face à l’imminence de nouveaux défis. C'est un fait que de nouveaux efforts d'investissement vont émerger au travers des nouvelles règles de communication qui seront introduites dès la parution du nouveau code de déontologie, de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans la relation patient, ou encore des nouvelles missions qui valorisent le métier tout en requérant de nouvelles technologies.
Daniel Buchinger, fondateur et président du groupement Univers Pharmacie, identifie un enjeu supplémentaire. La montée en puissance des payeurs privés. Selon lui, ces nouveaux acteurs « piloteront le marché officinal dès 2025 tout comme ils le font déjà dans l’optique, secteur dans lequel ils sont autorisés à passer des accords depuis 2006 ». Les groupements ont donc tout intérêt à se mettre en ordre de marche pour atteindre une taille critique à même de répondre à une nouvelle donne : les payeurs privés ne négocieront d’accords qu’avec des acteurs d’envergure nationale.
Le temps des alliances est donc venu pour les groupements qui évolueront sur un marché porté à 80 % par des pharmacies fédérées sous enseigne nationale, comme le croit Daniel Buchinger. Le président d'Univers Pharmacie ajoute que les fonds d’investissement, qui détiennent aujourd’hui des parts dans au moins cinq groupements de pharmacie, disparaîtront à l'horizon 2025-2030, au profit « des partenaires naturels des pharmaciens que sont les grossistes-répartiteurs ».
Ne pas céder aux sirènes de la finance
Parmi les fonctions essentielles que les adhérents attendent de leur groupement, la fonction achats reste jusqu'ici primordiale. Pour autant, les inquiétudes percent « quant aux mouvements au sein du petit monde des groupements », comme le perçoit Jean-Christophe Lauzeral, directeur opérationnel de Giropharm. Certes, ce phénomène de concentration a frappé bien plus tôt l’industrie pharmaceutique, les biologistes, les grossistes-répartiteurs et les experts-comptables, rappelle-t-il. Il n’empêche que ces velléités de conquête suscitent des interrogations, et ce plus particulièrement parmi les adhérents d'un groupement coopératif tel que Giropharm. « Nos adhérents sont très attachés à nos valeurs, à notre vision moderne et éthique de la profession. Ils nous disent, ne vous laissez pas tenter par les sirènes de la finance », observe Jean-Christophe Lauzeral.
Si l’heure n’est pas aux fusions acquisitions, le groupement, guidé par la vigilance de ses adhérents, et plus particulièrement de son conseil d'administration, est entré dans une phase observationnelle. Il ne sait certes dans quelle direction, ni vers quelles régions, le mènera cette recherche de partenariat. Mais une chose est certaine, Giropharm, engagé, comme de nombreux groupements, dans une logique de mutualisation des coûts (hébergement des données de santé, digitalisation, qualité, fabrication des produits MDD), se déclare mûr aujourd'hui pour nouer des alliances. En revanche, comme s’empresse de le préciser Jean-Christophe Lauzeral, « pour l’ouverture du capital, c’est autre chose ! »
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