Trois questions à…

Gilles Gernaey

Publié le 24/06/2019
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Pharmacien expert en formulation et affaires réglementaires

Le Quotidien du pharmacien. – Quelle est l'actualité en termes de législation sur les plantes ?

Gilles Gernaey – Actuellement, nous sommes dans l'attente d'une décision des instances européennes qui doivent émettre des lignes directrices quant à l'évolution des allégations faites sur les plantes. Celles-ci, au nombre de plusieurs centaines, font l'objet d'une liste provisoire - disponible sur le registre européen édité par la Commission européenne - sur laquelle les produits se basent pour communiquer. Cette liste a été mise en attente car la Commission européenne n'a pas encore décidé sur la base de quel protocole valider ces allégations. Faut-il prendre en compte la tradition ? Par exemple, au tout début de ce nouveau règlement, le pruneau d'Agen ne pouvait pas être catégorisé comme un facilitateur du transit, alors qu'il a toujours été utilisé dans ce sens. En plus, il fallait que chaque spécimen végétal soit bien caractérisé, alors qu'une plante dispose souvent de différents chémotypes en fonction du lieu de culture. Cette logique très stricte pouvait conduire à balayer 1 000 ans de phytothérapie. Nous attendons aujourd'hui que la Commission décide sur quelles bases elle va évaluer les allégations faites sur les plantes. Les différentes fédérations actives en ce domaine souhaitent qu'elles soient évaluées selon un système qui prenne au moins en compte l'usage traditionnel du végétal. Si ça n'est pas le cas, les fabricants pourront difficilement communiquer sur les revendications de leurs produits naturels et, face à cette absence d'information, la clientèle ira chercher ses informations partout, y compris à des sources peu fiables.

Les instances européennes devraient se prononcer sur les grandes lignes directrices de cette future législation au cours de ce mois de juin.

L'herboristerie comporte des produits aux statuts différents : peuvent-ils porter à confusion ?

Attention à ne pas faire d'amalgame dans ces produits : le pharmacien peut composer une tisane médicinale dans le cadre de ses fonctions. Il ne s'agit pas d'un complément alimentaire mais d'un mélange spécial de plantes qui relève d'un acte pharmaceutique. Il existe, par ailleurs, des infusions déjà composées, souvent présentées en sachet, qui ont des vertus calmantes, digestives, drainantes (etc.). Ces produits sont des boissons classées dans les aliments.

Que dire des huiles essentielles ?

Ce sont des produits très puissants - qui s'utilisent par diffusion, par voie topique ou orale - à manipuler sur conseil d'un professionnel de santé. Il existe une liste positive d'huiles essentielles analysées pour leur sécurité, dont 70 à 75 sont autorisées pour une utilisation dans les compléments alimentaires par la DGCCRF*.

*Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

Propos recueills par A.-S.P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3530