LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quelle doit être, selon, vous, la place du pharmacien dans le système de santé français ?
FRANÇOIS BAYROU.- La place du pharmacien est essentielle dans notre système de santé. Il est un pivot important, de même que les médecins ou les professions paramédicales. Le pharmacien a un rôle de conseil utile. Il permet souvent d’éviter des consultations médicales inutiles. De plus, la pharmacie est un lieu important, rassurant pour nos concitoyens. C’est pourquoi les communes se battent tant pour leur maintien.
Êtes-vous favorable au maintien du monopole de la vente des médicaments en pharmacie d’officine ?
Nous sommes favorables au maintien de ce monopole. En effet, les médicaments ne sont pas des produits comme les autres. Les intoxications médicamenteuses sont nombreuses et le rôle du pharmacien est primordial pour les éviter. Le pharmacien peut juger de l’adéquation de la prise d’un nouveau médicament avec ceux qui ont pu être prescrits par d’autres médecins.
Êtes-vous pour ou contre la vente de médicaments sur Internet ?
Nous sommes défavorables à la vente des médicaments sur internet pour les mêmes raisons que la question précédente. Un médicament n’est pas un produit comme un autre.
Comment comptez-vous résoudre le problème des déserts médicaux ?
Il convient de favoriser l’exercice regroupé afin d’attirer les jeunes médecins dans tous nos départements. Je suis bien sûr favorable aux maisons de santé pluridisciplinaires, lorsqu’elles sont le fruit d’un réel projet médical. Ces maisons de santé pluridisciplinaires comme les pôles de santé, qui sont le fruit d’expérimentations intéressantes, comme dans la Mayenne, sur lesquelles s’est fortement investi Marc Bernier, facilitent la coordination des soins et une meilleure prise en charge du patient. Ils répondent de plus aux vœux de tous, patients et professionnels de santé. Il faut faciliter l’installation des médecins dans les zones sous-dotées par des mesures incitatives et freiner leur installation dans les zones surdotées par des mesures désincitatives. Lorsqu’il n’y a plus de médecin sur un territoire, nous proposons de créer des dispensaires adossés à une pharmacie. Il est impératif d’organiser dans chaque département une permanence des soins, qui aura pour conséquence de désengorger les urgences médicales des hôpitaux. Un centre 15 devra être mis en place dans chaque département. Une permanence téléphonique permettra d’aiguiller le patient au bon endroit. Il faut mettre en place une astreinte rémunérée, partagée, effective 24h/24, entre les établissements publics et privés. Les contrats d’engagement de service public sont une mesure pragmatique qui bénéficie autant à l’étudiant en médecine qui se voit aidé financièrement qu’à la région qui l’accueille, qui est assurée de le voir exercer quelques années.
Si vous êtes élu, quelle sera votre politique du médicament ?
Les scandales récents ont conduit le gouvernement à réagir en faisant adopter la nouvelle loi visant à renforcer l’encadrement des produits de santé, parue le 29 décembre 2011. Des améliorations importantes ont été apportées, notamment en matière de publicité et de limitation de la place des visiteurs médicaux. Il convient d’évaluer notre système de suivi de la vie du médicament afin de le rendre plus cohérent et plus efficace : un meilleur encadrement des essais, la fixation d’une durée maximale pour la remise des résultats des études demandées ou encore la meilleure notification des effets indésirables par les professionnels de santé. Il faut tendre aussi à favoriser le bon usage du médicament. Notre pays se caractérise par une très (trop) forte consommation de médicaments.
Comment comptez-vous assurer l’avenir du financement de la Sécurité sociale ?
Il convient de continuer à maîtriser les coûts mais aussi d’élargir le champ des cotisations. Ces dernières ne peuvent être basées uniquement sur le travail. Le gouvernement a fait un premier pas timide avec la TVA sociale, mais qui reste insuffisant. Notre protection sociale, née dans les années d’après-guerre, a connu des réformes multiples, qui se sont accumulées, aboutissant à un système compliqué. Il faudrait tout remettre à plat, et refonder. Ce qui est certain, c’est que la crise que nous traversons va nous contraindre à freiner la hausse des dépenses de santé et qu’un effort de tous va être indispensable. Ne pas le reconnaître est irresponsable.
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