FRANCIS DELORD résume brièvement une vie consacrée au monde chevalin en rappelant ses origines : né à Pompadour, cité du cheval, petit fils d'agriculteur, fils d'éleveur, il vit ce qu'il appelle « une passion familiale ». Titulaire dès ses dix-huit ans d'une licence de gentleman driver qui lui permet de monter en course, entraîneur amateur ensuite, puis propriétaire, il crée, en 1995, une entreprise spécialisée baptisée Multi Service Équestre. Objectif : apporter aux intervenants du monde équestre de multiples prestations, allant du transport au gardiennage. Treize ans plus tard, l'affaire occupe une douzaine de salariés, profite d'une clientèle internationale et réalise un CA confortable. Ce qui n'empêche pas son patron de poursuivre des activités pédagogiques, en se présentant dans les prochains jours à un examen d'entraîneur professionnel.
La naissance de cette société a coïncidé avec le rachat, la même année, de la pharmacie du château, idéalement située à proximité de l'hippodrome, à quelques foulées des emblématiques haras nationaux. Francis, diplômé de la faculté de Toulouse en 1991, souhaitait exercer à la fois un métier qui le ferait vivre, et assouvir une véritable passion du cheval, dans laquelle il pourrait également engager une stratégie d'entrepreneur.
« Mon officine réalise 1,8 million d'euros de CA, détaille t-il. Avec mon associé, nous sommes en train d'en acquérir une autre dans un village voisin. Multi Service marche bien, se diversifiant sans cesse vers de nouvelles activités. Mais tout cela représente du travail, des horaires, du temps et de la disponibilité, avec l'art du management et de la délégation des pouvoirs. Sans oublier la vie locale, dans laquelle je m'implique à divers titres : président de la société des courses de Pompadour, gérant de l'organisation des onze courses de la cité, je milite également dans diverses associations. »
Des vues et des idées.
Conscient d'évoluer dans un environnement privilégié - Pompadour est une charmante bourgade limousine, fort appréciée des touristes cavaliers ou non, et hébergeant un Club Méditerranée - le pharmacien dresse le bilan de ses deux carrières. « Je suis cartésien et lucide, souligne-t-il. Le cheval est un loisir, qui coûte cher et qui va au-delà d'une simple activité sportive, surtout lorsque l'on possède comme moi une écurie de soixante-dix montures. Diriger une officine me permet de rester sur mes terres, et de continuer à m'occuper de mes animaux. » Privilégiant cependant son métier de pharmacien, Francis Delord a mis le pied à l'étrier à d'autres passionnés de cheval, qui s'occupent de sa société équestre. Il ne fait que superviser, consacrant la majorité de son temps à la pharmacie, au service d'une clientèle rurale dont il connaît la plupart des membres. Pharmacien avant tout, mais cavalier de vocation, il rajoute à ces deux paramètres ceux de créateur et de gestionnaire.
« J'aime valoriser les choses, impulser des idées, diriger une entité que je fais naître, analyse t-il. Au fond, je crois être un entrepreneur, et j'aurais pu tout aussi bien m'affirmer dans le développement d'un magasin de chaussures ou une fabrique industrielle. Diriger les gens, les voir progresser vers un objectif, réussir un projet, sont mes vraies passions. J'ai pu les concilier grâce à cette double activité. »
L'homme ne s'arrêtera pas à ces quelques galops, aussi valeureux soient-ils. Les projets se bousculent sous ses sabots, avec de nouvelles orientations pour sa société, le rachat avec son associé de la seconde officine, et quelques autres bonnes idées toujours dynamiques. Mais sa grande vision d'avenir est un retour aux sources : la reprise de l'exploitation agricole familiale, dans les traces de ses ancêtres, afin d'y pratiquer l'élevage. Tout en confiant à ses associés la bonne marche de ses affaires, il s'occupera de ses étalons d'exception, Fontagano ou Carghèse des Landes, et de quelques autres amis à quatre pattes. Quant à ses deux enfants, 8 et 15 ans, ils savent bien évidemment se tenir en selle, bon sang ne saurait mentir.
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