DEPUIS LE 1er JANVIER 2004, les pharmaciens allemands sont autorisés à posséder, en plus de leur officine, un maximum de trois filiales, qui fonctionnent parallèlement à leur pharmacie principale. Alors que le nombre global d’officines ne cesse de baisser depuis 2009 - on en comptait 20 921 le 31 décembre 2012, contre 21 602 quatre ans plus tôt - celui des filiales augmente régulièrement : de 632 fin 2004, il franchissait la barre des 3 000 en 2009 et s’élevait à 3 853 fin 2012, soit 16 % du nombre total des pharmacies en Allemagne.
Contrairement à ce que leur appellation pourrait laisser croire, les filiales ne sont pas des simples lieux de distribution, mais bien des pharmacies à part entière, même si elles sont en général plus petites que la pharmacie principale à laquelle elles sont rattachées. Leur différence majeure avec celle-ci tient au fait qu’elles sont dirigées par un pharmacien salarié, employé par le titulaire, lequel reste toutefois responsable de l’ensemble de l’activité.
Actuellement, les 3 853 filiales appartiennent à 2 935 pharmacies principales. Parmi celles-ci, près des trois quarts (2 149) ne possèdent qu’une filiale, 561 en possèdent deux et 225 en détiennent trois. Elles ont connu une croissance rapide ces dernières années, mais la tendance ralentit depuis 2011. Toutefois, ce sont les nouvelles filiales qui permettent à la démographie des pharmacies de ne pas plonger beaucoup plus fortement qu’elle ne le fait depuis quatre ans. En outre, les pharmaciens créent désormais nettement moins de filiales ex nihilo qu’ils ne le faisaient il y a quelques années, mais rachètent, au contraire, de plus en plus de pharmacies existantes pour les transformer en filiales. En 2012, par exemple, 311 nouvelles filiales ont vu le jour en Allemagne, mais seulement 91 sont des créations, les 220 autres étant des rachats d’officines, cédées pour différentes raisons.
Un investissement pas toujours rentable.
Même s’il existe la liberté d’installation en Allemagne, les pharmaciens ne peuvent créer une filiale que dans leur ville ou leur arrondissement territorial. La filiale répond aux mêmes obligations réglementaires que l’officine principale, mais n’est pas obligée de détenir autant de médicaments. Elle doit posséder un préparatoire, mais peut disposer d’équipements de laboratoire moins complets. Pour les patients, il est parfois difficile de faire la différence entre une pharmacie principale et une filiale, tant elles peuvent se ressembler. En revanche, certaines sociétés proposent des « filiales clé en main » qui, elles, ne laissent aucun doute sur leur nature, en ressemblant plus à un hard discounter alimentaire de type Aldi qu’à une vraie officine. Un agenceur spécialisé dans les officines de ce type, Easy Apotheke, est même allé encore plus loin, en proposant des pharmacies en containers, destinés à être posées sur les parkings d’hypermarchés, et espère en écouler une dizaine par an.
En 2012, une filiale a dégagé, en moyenne, un bénéfice net de 55 000 euros, soit entre 50 et 70 % du bénéfice moyen de sa pharmacie principale. Toutefois, une sur quatre atteint tout juste le seuil de rentabilité et ne couvre que ses frais. Le système semble néanmoins donner globalement satisfaction : 70 % des propriétaires de filiales se félicitent en effet de leur investissement, 15 % estiment que l’opération ne leur a rien rapporté et les 15 % restants regrettent d’avoir fait ce choix. Des chiffres qui montrent que la création de filiales n’est pas forcément bénéficiaire à chaque fois, d’autant que l’investissement nécessaire à la création d’une filiale se monte en moyenne à 408 000 euros, soit à peine 10 % de moins que celui réclamé par l’ouverture d’une pharmacie principale. Selon la banque des médecins et des pharmaciens, Apobank, la création d’une filiale ne peut être conseillée que si la pharmacie principale jouit d’une bonne santé économique et n’a pas la possibilité de s’agrandir sur son site d’origine : la filiale permet alors de compenser cette étroitesse. Par ailleurs, selon la banque, la pire erreur serait d’ouvrir une filiale pour tenter de compenser les pertes de la pharmacie principale. Apobank invite toujours les pharmaciens à optimiser d’abord leur officine, avant de se lancer dans l’ouverture d’une filiale.
Parfaite synergie.
Les pharmaciens qui ont fait le choix de la filiale ont parfois du mal à trouver des confrères suffisamment motivés pour diriger ces dernières, d’autant que la « philosophie de la filiale doit être exactement identique à celle de la pharmacie principale », explique Christian Gerninghaus, titulaire et propriétaire de deux filiales à Bad Hersfeld, en Hesse. Pour lui, l’officine et ses filiales doivent fonctionner comme un véritable groupement, avec une parfaite synergie en matière de marketing et de communication. Idéalement, la filiale doit pouvoir « suivre » le patient tout au long de ses déplacements, en se plaçant par exemple dans une zone très fréquentée par les clients de la pharmacie principale, et le choix de l’emplacement est capital.
La filiale peut être très rentable pour les pharmaciens, mais alourdit leurs charges administratives et réclame une organisation et une coordination sans faille.
Pour cette raison, un certain nombre d’officinaux préfèrent d’autres solutions pour développer leur activité, soit en entrant dans un groupement de pharmaciens, soit en rejoignant une enseigne franchisée. Certains choisissent enfin une solution mixte, avec une pharmacie principale indépendante, et une filiale sous franchise.
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