Face à Poutine, il y a deux attitudes. La première consiste à condamner son régime autoritaire, le retour à la guerre froide, l’usage de la force contre les Ukrainiens. La seconde relève de la traditionnelle Realpolitik, elle ne fait pas de sentiments, ne s’occupe pas des droits de l’homme, ne croit pas au devoir d’ingérence et s’appuie sur l’idée, pas fausse, que l’on ne peut pas faire de politique étrangère sans Moscou. Lorsqu’il était président, Nicolas Sarkozy a excellé dans la pratique de cette diplomatie. Il a convaincu M. Poutine de ne pas annexer la Géorgie, mais le résultat ne correspond pas vraiment au respect de la souveraineté des Géorgiens. Fort de sa relation avec le maître du Kremlin, il lui a vendu deux navires Mistral. C’était avant l’invasion de l’Ukraine, qui s’est traduite par un embargo occidental. Quand François Hollande a repris le dossier des Mistral, il n’était plus en mesure de livrer des armements à la Russie alors même qu’elle était boycottée par la France.
L’idée que M. Sarkozy n’a consenti à une vente de navires de guerre à Moscou que parce que cette transaction était en parfaite adéquation avec sa politique n’enlève rien à l’imprudence de sa démarche. La France, aujourd’hui, applique une décision, l’embargo, prise avec ses alliés, elle n’est pas seule. L’affaire va nous coûter deux ou trois milliards, l’Assemblée ayant voté en faveur de l’annulation de la vente. Les Russes s’en amusent. Mais l’épisode Mistral traduit bien une politique au milieu du gué qui semble présenter plus d’inconvénients qu’elle ne se montre efficace. Nous défendons verbalement les droits de l’Ukraine, tandis que Poutine, après avoir annexé la Crimée, occupe une partie de ce pays.
Troupes au sol.
Pour ce qui concerne la Syrie, la position française est la suivante : nous ne voulons ni de l’État islamique (EI) ni de Bachar. Notre attitude est frappée au coin de la morale mais, si nous ne prenons aucun risque dans l’affaire, nous aurons les deux. Et surtout nous nous retrouverons devant une solution russe. Si Bachar a survécu, c’est grâce à Poutine (avec le concours de l’Iran). Notre idéal, une Syrie libérée de son dictateur et de l’EI, ne verra jamais le jour si nous n’employons pas, collectivement, les moyens propres à les éliminer tous deux. En d’autres termes, si les Occidentaux n’envoient pas de troupes au sol, leur volonté ne sera pas exaucée.
Bien que les méthodes de M. Poutine soient exécrables, l’alternative est diplomatique. C’est ce que suggèrent tous ceux, et ils sont nombreux à droite et à gauche, qui souhaitent que, dans le cadre d’une grande négociation avec la Russie nous prenions en compte ses intérêts nationaux, c’est-à-dire, en définitive, pour que nous renoncions à l’Ukraine pour qu’il renonce à Bachar. Ou qu’il ne renonce à rien, pourvu qu’il détruise les islamistes. Inutile de dire que cet objectif est inaccessible et que, en réalité, le seul moyen d’imposer un régime démocratique en Syrie, c’est d’y envoyer un corps expéditionnaire en provenance de très nombreux pays formant une coalition. Elle seule serait capable d’en finir avec Daech et Bachar à la fois et d’instaurer un régime démocratique à Damas. Cela ne vous rappelle rien ? C’est ce qui a déjà été fait en Irak et en Afghanistan avec de piètres résultats. Sans compter que, pour une opération aussi longue et importante, il faut la participation des États-Unis, qui, pour le moment, ne veulent pas en entendre parler.
On peut toutefois se demander si M. Poutine va réussir dans son entreprise. Il serait surprenant qu’à lui seul il l’emporte contre Daech. Les risques qu’il prend sont ceux que nous rejetons. Sans doute compte-t-il sur le soutien actif de l’Iran, mais l’histoire n’est qu’une longue patience. La Russie occupait jadis l’Afghanistan, elle en est repartie meurtrie et bredouille. M. Poutine peut-il se permettre de laisser des soldats russes mourir en Syrie ?
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