Bouchra Rajraji se lève tôt le matin pour emmener sa fillette de 3 ans, avant d'ouvrir son officine, et ne commence la cuisine du repas du soir qu'après 22 heures, le repas ne se finissant qu'à minuit. Tous les jours, depuis le 26 mai, et jusqu'au 24 juin. La pharmacienne de Wattignies (Nord) observe en effet le ramadan, temps fort de l'Islam. « Je préfère sacrifier le petit-déjeuner pour un peu plus d'heures de sommeil, sourit-elle, car en fin de journée, mes batteries personnelles sont un peu à plat. »
« Le ramadan est un moment important dans l'année pour me remettre en question, pour voir ma famille, mes voisins, mes amis. Le Coran ne me demande pas d'être mieux avec Dieu, explique-t-elle, mais d'être mieux avec mon voisin, quel qu'il soit. Comme je travaille, ainsi que mon mari, nous ne partageons pas nos dîners en semaine avec les voisins, mais nous le faisons le samedi. »
Bouchra Rajraji est Marocaine, venue en France pour ses études, à la faculté de pharmacie de Lille. Son mari est également pharmacien, à Hem, également dans la métropole de Lille. « Le ramadan nous demande de nous abstenir de tout plaisir dans la journée, continue-t-elle, de faire plus de prières, plus de veillées. C'est vrai qu'en fin de journée on est fatigué, mais quel plaisir retrouvé de boire même un verre d'eau quand on s'en est abstenu toute la journée. Le ramadan nous demande de nous remettre en cause. »
Bouchra Rajraji est née dans une famille musulmane pratiquante dans un pays musulman. « C'est une chance, affirme-t-elle, mais en grandissant, beaucoup de questions nous viennent, et ces questions sont nécessaires pour consolider notre foi. Pendant le ramadan, on discute beaucoup de l'actualité, de la religion. La religion s'adapte au pays où on vit, et à son époque. La religion nous incite à étudier : si ma fille ne sait pas lire, d'autres lui diront ce que contient le livre saint. Alors que c'est à elle de le découvrir et de le comprendre. »
Extraordinaire chance
La pharmacienne de Wattignies confesse l'extraordinaire chance qu'elle a à être ici. Elle est entrée assistante dans cette officine en 1998, et sa titulaire de l'époque, retraitée depuis, Marie Lembrez, lui a même prêté de l'argent pour qu'elle achète des parts de l'officine, et puisse ensuite lui succéder. Son ancienne patronne, fervente catholique, lui a toujours dit et répété que « la pratique d'une religion, c'est de la sagesse ».
Bouchra Rajraji ne peut pas cacher sa « tristesse qu'on tue au nom d'Allah. On parle du ramadan à la pharmacie, et les Français de Wattignies ont toujours vécu avec des Maghrébins : on n'a pas de problèmes avec eux, me disent-ils, mais avec leurs jeunes. Le Coran stipule pourtant qu'on ne doit pas tuer. L'Islam est une religion de paix. Mes patients qui me connaissent depuis vingt ans ne m'assimilent pas avec ceux qui commettent des attentats. Nous devons tous pourtant convaincre ces jeunes que c'est une chance pour eux de vivre en France : ils ont des droits, ils sont soignés. Je ne porte pas le voile, et je trouve que ce n'est pas bien dans un métier lié à la santé. Mais ce n'est pas le voile qui pose problème, c'est ce qu'on a dans la tête ! »
« Il n'y a que Dieu qui juge. Toutes les bonnes actions que je fais, c'est pour moi. Le ramadan, c'est pour Dieu. Vous êtes mon voisin, et je vous dois le respect, et vous devez me respecter. Le principe de la religion, c'est ce qu'on a dans le cœur, entre soi et Dieu. »
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