Les produits innovant en santé doivent s’adresser à tous, garantir la sécurité du patient, être utiles et efficients : Jean-Yves Fagon, délégué ministériel à l’innovation en santé, est formel : « à défaut de pouvoir répondre à ces trois critères, les innovations en santé ne pourront s’implanter. » Et qui mieux que le pharmacien peut jouer le pivot dans l’observation en vie réelle du service rendu par ces nouveautés et des éventuels bugs de leur application ?
Complexes, ces innovations – à distinguer des innovations médicales – qui induiront l’émergence de nouveaux secteurs d’activité, se situent aux confins de plusieurs disciplines. « Ce ne seront pas des médicaments à part entière, ni totalement des dispositifs médicaux, mais bien davantage des associations, des combinaisons d’un médicament et d’un dispositif médical, d’un médicament et d’un objet connecté ou encore d’un médicament et d’un support organisationnel », prédit Jean-Yves Fagon.
Ces prospectives se confrontent toutefois à une dure réalité. Notre système actuel, influencé par le rôle majeur du médicament, n’est taillé ni pour évaluer, ni pour tarifer ces nouveaux produits. Et il est fort probable qu’il ne pourra jamais s’adapter à la cadence de l’innovation, 10 000 à 12 000 innovations circulant actuellement dans le domaine de la santé. Pour preuve de cette inaptitude, l’absence de stratégies des pouvoirs publics et les retards accumulés dans les délais de mise sur le marché récemment dénoncés par les fabricants de dispositif médicaux.
Sécurité globale
Autre symbole de l’inadaptation de notre système de santé, l’approche du numérique en santé dont on ne sait aujourd’hui ni utiliser, ni sécuriser les circuits de données. « Comment va-t-on traiter le big data, comme va-t-on gérer ces systèmes d’information de base de données ? Si nous ne prenons pas ces questions en main, Google le fera à notre place », prévient Jean-Yves Fagon. Sans parler des données portées par les patients eux-mêmes via divers objets connectés et « qui risquent, à défaut de mesures efficaces, de partir vers la Silicon Valley ! », met en garde le délégué ministériel.
À l’heure de l’arrivée massive des objets connectés, il en exhorte que davantage les pharmaciens à s’impliquer dans le suivi en vie réelle de ces innovations et dans leur évaluation. La profession en a toutes les capacités. « Pour assurer la surveillance et le partage de l’information, une expertise et des méthodes d’études sont requises pour être capable d’émettre un avis », précise-t-il. Les pharmaciens en ont d’autant plus la légitimité qu’ils sont au contact permanent de champs épidémiologiques comme l’asthme et le diabète, particulièrement fertiles en innovations. « Les projets sur le diabète nous arrivent par paquet de cinquante ! », relève Jean-Yves Fagon.
Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) confirme que les pharmaciens ont la capacité d’organisation et les moyens informatiques « pour faire remonter les informations exploitables ». Il leur reste à s’inscrire dès aujourd’hui dans les processus et à y affirmer leur place. Au risque sinon, de voir leur échapper de nouveaux marchés. D'ores et déjà, la menace est palpable. Un laboratoire envisage de se positionner dans le contrôle du diabète. Il contournera le circuit officinal via une solution logistique avec le réseau postal. Y compris pour récupérer les DASRI !
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