L’ACCUEIL des marchés a été enthousiaste, même si la plupart des points épineux sont restés sans solution, notamment la création des eurobonds, dont la chancelière allemande, Angela Merkel, ne veut pas entendre parler. Elle demande au préalable une convergence des politiques fiscales et budgétaires, ce qui revient à dire que, selon elle, les eurobonds (une mutualisation des dettes nationales) n’existeront que lorsque les pays qui empruntent à des taux élevés auront procédé à l’assainissement financier qui fera baisser ces taux de toute façon. Alors que François Hollande voulait les eurobonds tout de suite pour alléger le fardeau de pays comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce, qui empruntent à des taux prohibitifs.
Le président français s’est fait entendre sur plusieurs points : le plan de relance de 120 milliards, qu’il avait obtenu avant le sommet ; l’idée simple en vertu de laquelle la faillite d’une partie de la zone euro aurait des conséquences négatives pour l’Allemagne elle-même, ce que Mme Merkel comprend fort bien mais qui ne l’a pas fait changer d’avis sur le principe de solidarité mis en avant par M. Hollande : ce n’est pas, pour elle, une base de discussion ; la taxe sur les transactions financières, que l’Allemagne accepte en définitive.
Un répit pour l’Europe.
Il ne s’agit pas d’une victoire de la France ou de l’Allemagne, mais de compromis entre les principaux pays de la zone euro. L’aspect diplomatique des sommets européens est toujours secondaire. Ce qui compte, c’est de parvenir, tôt ou tard, à terrasser la crise, ou tout au moins à donner un répit aux économies européennes. La réaction des marchés et la baisse des taux, vendredi matin, sur les emprunts espagnols et italiens, laisse penser que l’on assiste à un début de stabilisation, ce qui serait déjà un succès important.
Mais, bien entendu, c’est chez soi qu’il faut faire le ménage. M. Hollande n’était pas rentré à Paris que l’INSEE annonçait que, au premier trimestre de l’année, la dette publique de la France avait atteint 89,3 % du PIB. Le chef de l’État est moins critiquable pour sa diplomatie européenne qui, d’ailleurs, est plus utile à l’Espagne et à l’Italie qu’à la France, laquelle emprunte en ce moment à des taux privilégiés, que pour sa politique budgétaire. Celle-ci est critiquée à gauche parce que le gouvernement annonce des mesures d’austérité (par exemple diminution, chaque année, de 2,5 % des effectifs des ministères jusqu’en 2015) et des hausses de prélèvements sociaux et d’impôts. Elle est critiquée à droite parce que le tour de vis intervient après des mesures généreuses pour les retraites ou les ménages qui, selon Gilles Carrez, président UMP de la Commission des finances à l’Assemblée, coûteront quelque 20 milliards d’euros, dont le gouvernement n’a pas le premier centime.
M. Hollande ne manquera pas d’assurer l’opinion qu’il a réussi à faire passer le message français au sommet européen. Il est incontestable que, sur les mesures de court terme et même d’urgence, il a obtenu des avancées susceptibles de ramener le calme. Cependant, il ne rassure pas le gouvernement allemand parce que, justement, la politique économique de la France est contradictoire et ne semble pas de nature à stabiliser une dette qui croît chaque jour. Le gouvernement entend prendre une série de mesures qui rapporteront 7 milliards en 2012. Mais en 2013, l’effort nécessaire pour parvenir à l’objectif d’un déficit de 3 % coûtera 30 milliards (il s’agit de passer de 4,5 % du PIB à 3 %). On ne peut pas augmenter les impôts à l’infini, surtout en période de stagnation économique. Pour le moment, personne ne sait comment Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, réalisera ce tour de force.
› RICHARD LISCIA
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