Donald Trump a le temps de changer son pays d'une manière irréversible, surtout s'il est réélu en 2020. L'opinion américaine est totalement divisée par le sujet de l'avortement : 47 % des personnes interrogées dans le cadre d'une enquête d'opinion se sont prononcées contre toute interruption de grossesse et une proportion égale, 47 %, se sont déclarées pour. Mais la Cour suprême qui, par le passé, a souvent, par ses décisions, apporté aux Américains les progrès que les élus leur refusaient, a déjà rendu il y a longtemps, un jugement qui instaure le droit d'avorter. En 1973, Roe versus Wade accordait aux femmes le droit de choisir et de disposer de leur corps à leur guise. Cette décision a sans cesse été combattue depuis lors, certains États adoptant des lois contraires à une décision qui n'était pas considérée comme définitive sous le prétexte qu'elle avait été prise par une Cour suprême libérale, au sens américain du terme.
Trump a nommé à la Cour suprême deux justices, Neil Gorsuch et Brett Cavanaugh. Il sait désormais que si le dossier de l'avortement est soumis à la Cour au terme d'un procès qui aurait épuisé tous les autres recours, il est possible qu'elle renverse Roe versus Wade et nous propose une régression sans précédent de la société américaine. Il ne faut, en effet, se faire aucune illusion : l'interdiction de l'avortement découle, officiellement, des enseignements de la Bible, elle serait donc portée par de pieux chrétiens. En réalité, elle exprime une injustice sociale criante. C'est dans les minorités, notamment chez les Noirs du Sud profond, qu'est le plus souvent pratiquée l'interruption de grossesse. Au Congrès de l'Alabama, un élu noir, Bobby Singleton, s'est adressé en ces termes à ses collègues : « Vous êtes en train de dire à ma fille : tu ne comptes plus dans l'État d'Alabama. Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte ». Des représentants avaient soumis deux amendements au projet de loi pour prévoir des cas où l'IVG aurait été acceptée. La majorité les a rejetés.
Une tendance qui se généralise
La loi alabamaise est choquante, mais la tendance, dans l'ensemble des États-Unis, est au rejet de Roe versus Wade. Depuis le début de l'année, vingt-huit États ont renforcé le contrôle des interruptions de grossesse. Les médecins sont sur la sellette qui, dans de nombreux cas, sont menacés de peines de prison très lourdes, s'ils procèdent à des IVG. Inutile de dire que, dans ces conditions, peu de médecins seront disponibles pour pratiquer une IVG et peu de femmes prendront le moindre risque.
Trump n'a cessé, depuis son élection, d'encourager le particularisme sudiste. Il n'a jamais voulu dénoncer le racisme anti-noirs dans des termes appropriés. Lors des émeutes de Charlottesville, le 12 août 2017, des membres du Ku-Klux-Klan, soutenus par des nostalgiques de la confédération sudiste, se sont heurtés à des contre-manifestants de gauche. Une jeune femme, fauchée délibérément par un chauffard, avait perdu la vie. Mais Trump a renvoyé les deux camps dos à dos, comme si on pouvait exonérer des néonazis de leur criminelle agressivité. Ce rappel d'un incident édifiant suffit à exposer la vraie nature de Trump. Il n'est pas seulement « populiste ». Il s'appuie sur les forces les plus obscures et les plus dangereuses de la société américaine, sur ceux qui croient que leur moment historique est arrivé. Le président américain ne fait rien pour dissuader cette minorité rassemblant des personnes dominées par la haine, racistes ou misogynes. Il veut être sûr que ces gens-là voteront pour lui en 2020. Il faudra beaucoup de temps pour qu'un pouvoir démocrate défasse tout ce qu'aura fait Donald Trump.
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