Le problème est que les meilleurs calculs sont parfois dépassés par la vitesse des événements eux-mêmes. Le parti républicain tentait de contenir la poussée du Tea Party en son sein parce qu’elle bousculait ses caciques et quelques élus importants contraints par la surenchère à abandonner leurs fonctions. L’irruption de Trump dans la campagne n’avait rien à voir avec cette bataille interne du parti républicain. L’animal est inclassable. Il est certes protectionniste, raciste sur les bords, intolérant, mais on ne saurait le ranger parmi les évangélistes, du genre Ted Cruz, qui pullulent dans le Tea Party. Il est autre chose, une sorte de monstre difficile à nommer parce qu’il utilise une rhétorique scandaleuse pour apporter des réponses rassérénantes aux questions qu’un électorat angoissé lui pose. Donald Trump n’a même pas cherché à rendre vraisemblables les idées qu’il a exposées. Il lui a suffi de tenir un langage qu’un public souvent peu éduqué voulait entendre. Par exemple, ce n’est peut-être pas un hasard s’il a écrasé Cruz dans l’Indiana au moment précis où deux grandes entreprises annonçaient qu’elles se délocalisaient au Mexique.
Du Sarkozy chez Trump
Pourtant, Trump n’est pas le candidat de l’Amérique. Pour le moment, 67 % des personnes interrogées dans les enquêtes d’opinion affirment qu’elles ne voteront pas pour lui à la présidentielle. Parmi ces personnes, ont trouvera l’immense cohorte des gens décents et modérés qui ne confondent pas la prise d’un parti par la force et cette grand-messe solennelle qu’est l’élection du président, qui ne se résolvent pas à la simplification des problèmes, qui ont assez d’épaisseur intellectuelle pour rejeter sa rhétorique empoisonnée. Cela ne signifie pas toutefois qu’une majorité, pour ne pas contribuer à cette dégradation de la politique, lui préfèreront le ou la candidate d’en face. Il y a du Sarkozy chez Trump, qui sait fort bien bousculer les conventions et les habitudes pour se faire une notoriété. Et, comme pour Sarkozy, sa candidature a entraîné la formation d’un noyau lourd d’électeurs qui ne le supportent pas. Mais, de la même manière, il y a énormément d’électeurs qui ne voteront jamais pour Hillary Clinton, parce qu’ils ont horreur des dynasties politiques, parce que c’est une femme, parce qu’elle porte sa légitimité avec une certaine arrogance, un peu comme si la magistrature suprême lui était due.
C’est bien là que se pose le problème. Bernie Sanders, contrairement à Cruz et à John Kasich, n’a pas baissé les bras. Il va continuer, sans grand espoir, à harceler Hillary dans chaque Etat et à lui prendre des voix de délégués. Il va s’imposer, il s’est déjà imposé comme une alternative. Au consensus mou, il oppose la recherche d’une Amérique plus égalitaire dont Mme Clinton n’a pas, jusqu’à présent, tenté de dessiner les contours. Au demeurant et si l’on en croit les sondages d’opinion, M. Sanders, s’il obtenait l’investiture du parti démocrate, ne serait pas nécessairement battu par Donald Trump. Mais l’Amérique n’est pas prête à sauter le pas, elle croit plus à l’effort individuel qu’aux mirages collectivistes, et c’est ce qui empêchera M. Sanders, au terme de la course, de l’emporter. Toute la question maintenant est de savoir si Mme Clinton conservera jusqu’en novembre l’avance de 6 à 7 points sur Trump que lui accordent les enquêtes d’opinion, si Trump ne va pas la calomnier jusqu’à convaincre l’électorat que, décidément, Mme Clinton est plus haïssable que lui. Pour les Etats-Unis et pour le monde, Hillary Clinton est désormais le seul rempart contre la régression morale, politique et sociale que l’élection de Donald Trump à la présidence représenterait.
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