Depuis trois à quatre ans, deux officines par semaine tirent définitivement leur rideau et nous pouvons être inquiets du devenir de nos confrères. Considérant les réductions budgétaires en matière de santé, même si certaines promesses de rémunérations complémentaires nous sont faites par ailleurs, le monde officinal a raison de se sentir de plus en plus fragilisé. Chacun craignant à juste titre d’être concerné tôt ou tard. Du coup, la brûlante question de l’ouverture du capital habituellement posée par nos détracteurs réapparaît, mais aujourd’hui c’est une partie de la profession qui la fait ressurgir. Pourquoi pas ? Car c’est une question essentielle qui permet quelque part de nous repositionner quant à la qualité de nos services.
L’indépendance, ce pilier fondamental de notre exercice libéral, nous l’avons toujours chérie. Mais maintenant nous prenons conscience que cette indépendance est un luxe. Bien sûr qu’elle se justifie car c’est elle qui permet à chaque titulaire, avec l’aide de son équipe, de mener sa barque comme il l’entend, sans être soumis à un quelconque jugement ou ultimatum d’investisseur.
Dans ces conditions, comment ne pas penser à ceux qui vont rester sur le carreau ? Autrefois, une mauvaise gestion, la folie des grandeurs comme une totale inconscience pouvaient mettre des confrères dans une situation intenable. Aujourd’hui, vous pouvez être déstabilisé par le départ en retraite d’un ou deux médecins généralistes de la commune, la paupérisation d’un quartier suite à l’accroissement de chômeurs, un environnement hyperconcurrentiel après la reprise d’une officine par un confrère ou un groupe sans scrupule… Quant à nos confrères qui ne trouvent pas de repreneurs, ils s’essouffleront jusqu’à l’insuffisance respiratoire terminale…
Un « plan d’aide »
Un syndicat a lancé un appel pour recenser les confrères qui vivent de grandes difficultés économiques. Et c’est tant mieux ! Mais est-ce suffisant pour motiver ceux qui en ont le plus besoin pour décrocher leur téléphone ou écrire un courriel, alors que l’expérience prouve que les plus enfoncés sont souvent les moins enclins à déclarer leur détresse ? Outre l’immense sentiment d’échec, le repli sur soi ou le déni constituent les moyens de défense les plus employés dans toute stratégie de survie.
Un « plan d’aide » ne peut-il pas être imaginé pour soutenir et accompagner nos confrères ? En premier lieu, recenser les aides qui existent ou pourraient être mises en place, et les faire connaître à l’ensemble de la profession. Dans un second temps, des commissions multipartites départementales (Ordre, syndicats, associations locales…) se constitueraient. Les pharmaciens engagés dans celles-ci se chargeraient de prendre contact par des visites personnelles avec les confrères susceptibles d’être les plus fragilisés, en vue de détecter les éventuels points faibles de leur économie. Puis, selon les situations, il s’agirait de faire appel à des intervenants qui apporteraient leur concours selon leurs compétences et leurs ressources, et si besoin de susciter des regroupements réalistes tenant compte des contingences locales et humaines. Enfin, pourquoi pas, un apport financier de solidarité de la part de la profession pourrait être constitué à partir de prélèvements complémentaires.
Notre indépendance a un coût. C’est entre nous que nous pourrons évincer toute tentative de subordination, laquelle entraînerait la perte de notre identité. À un tournant déterminant pour notre monde officinal, osons faire prendre au mot « confraternité » tout son sens et une réalité bien concrète. Des relations plus tenues entre nous permettraient d’assurer une meilleure sécurité économique pour chacun et une plus solide autonomie pour l’ensemble de notre profession.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion