Non seulement Mariano Rajoy a appliqué l'article 155 de la Constitution, qui lui permet de prendre le contrôle d'une région séditieuse, mais il a dissous le gouvernement et le parlement catalans, fait arrêter des membres de l'ancien gouvernement de la Generalité, dont le second de Puidgemont, Oriol Junqueras, mis 200 000 fonctionnaires sous tutelle, et confié la gestion de la Catalogne à la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria. Le parquet de Madrid a jeté en prison onze ministres arrêtés.
Pendant ce temps, l'ex-président de la Catalogne, est en Belgique. Lundi dernier, avec quatre ministres, il est parti pour Bruxelles, échappant ainsi à la prison et à ses responsabilités. Devant cet exil forcé dont il affirme que c'est une stratégie utile face à la répression de Madrid, beaucoup d'indépendantistes sont déçus, désabusés et, parfois écœurés. Loin de voir dans l'exil de Puidgemont une habileté tactique, ils pensent qu'il a eu peur, qu'il savait qu'il serait arrêté et incarcéré et qu'il a voulu sauver sa peau plutôt que de s'ériger en martyre de la cause catalane. Le voilà maintenant réduit à l'état de fugitif puisqu'un mandat d'arrêt européen a été lancé contre lui. On croit savoir qu'il s'est réfugié chez un ami flamand et indépendantiste comme lui. En tout cas, il n'a pas l'intention d'affronter la justice espagnole.
Le discours qu'il a fait à Bruxelles manquait de clarté, de hauteur et de sens historique. Cependant, on a trouvé dans ses propos des concessions de taille. La première est qu'il accepte les élections catalanes du 21 décembre prochain, façon indirecte de ne pas rejeter l'application de l'article 155 ; la seconde, c'est que, malgré le blitzkrieg politique auquel s'est livré M. Rajoy, M. Puidgemont s'est prononcé contre la violence, et a envisagé de « ralentir » le processus d'indépendance de la Catalogne. Une offre que Madrid n'a même pas besoin de repousser puisqu'elle a mis tout le monde, indépendantistes et unionistes, devant le fait accompli. Beaucoup d'Espagnols estiment toutefois que les mesures judiciaires sont trop sévères, d'autres craignent un retour de flamme.
Le choix des Catalans
Mais le départ furtif de Puidgemont pour la Belgique, c'est un peu la fuite de Varennes, alors que ses camarades de combat dorment dans une cellule. Une chose semble certaine : Carles Puidgemont ne peut plus incarner l'indépendantisme catalan. Sa réaction au danger a été la lâcheté pure et simple et, en protégeant sa liberté, il a prouvé qu'il n'est pas capable de se sacrifier à une cause qu'il ne sait défendre que verbalement. Ce qui ne veut pas dire non plus que Mariano Rajoy a battu les indépendantistes sur toute la ligne. Ils sont certes sidérés devant ce qui leur arrive et que, enivrés par la démagogie, ils n'ont pas vu venir. Mais les sondages montrent qu'il y a une majorité indépendantiste en Catalogne. Les élections légales, celles qu'a prévues le gouvernement légitime, risquent de renvoyer à l'Assemblée de Catalogne la même répartition d'élus, celle qui, déjà, a produit une coalition idéologiquement contradictoire, mais unie pour l'indépendance.
L'espoir de M. Rajoy, c'est de modifier assez le rapport de forces entre les partis pour empêcher la renaissance de la coalition. En outre, il donne le temps aux électeurs catalans de réfléchir. S'ils ouvrent enfin les yeux, ils constateront que l'Union européenne est carrément hostile à l'indépendance de leur région, que quelque 1600 entreprises ont déjà quitté Barcelone, que la Catalogne a une dette massive (de l'ordre de 75 milliards), que sa prospérité dépend étroitement de l'Espagne et de l'Europe. Les Catalans, si fiers il y a encore quelques jours de leur référendum, si sûrs naguère que l'indépendance était une formalité, s'aperçoivent que leur émancipation passe aussi par la prison. Profondément déçus par un chef qui ne les mérite guère et n'aura bientôt plus pour perspective que la reddition, ils pourrraient élire une Assemblée plus raisonnable que celle qui vient d'être dissoute.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion