C’EST UNE RÉALITÉ préoccupante qui s’est invitée devant des millions de téléspectateurs, le 10 février dernier. Lors de l’émission « Paroles de Français », sur TF1, une pharmacienne de Nice, Fatiha Djegaoud, a interpellé le président Nicolas Sarkozy sur l’insécurité. Installée dans un quartier sensible, elle avait été braquée pour la quatrième fois en moins de deux mois. Début janvier, un individu cagoulé et armé s’empare de la caisse et jette des pavés dans la vitrine. Fin décembre, le même assaillant avait projeté la titulaire au sol. Un acte intolérable touchant cette consœur proche d’une population en situation précaire. Accessibilité et proximité : les atouts de l’officine sont aussi les facteurs de sa vulnérabilité.
Cependant, au fil du temps, la profession s’est organisée pour faire face à l’insécurité. Elle s’est équipé de matériels de surveillance, s’est formé aux techniques de prévention et de gestion de l’agression, et elle entretient des contacts avec les forces de l’ordre. « Des livrets délivrant des conseils sur ce sujet sont remis aux officinaux », indique ainsi Alain Marcillac, responsable de la sécurité au Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Et cela finit par payer. Le nombre d’agressions déclarées à l’instance est en baisse constante depuis une dizaine d’années. On en comptait 742 en 2002, 218 en 2005, 145 en 2008, 102 en 2009 et seulement 48 au cours du premier semestre 2010.
Plainte sur rendez-vous.
L’an dernier, les tendances se confirment. Les agressions surviennent en dehors du service de garde, dans la majorité des cas, et lorsque l’officine est ouverte, dans la moitié des cas. Ce phénomène d’insécurité touche le plus souvent les petites villes (5 000 à 30 000 habitants), dans les quartiers centraux. En réaction, les pharmaciens portent plainte dans 60 % des cas. « Le temps d’attente au commissariat ou à la gendarmerie peut être dissuasif. Nous avons obtenu des directions départementales de sécurité publique, placées sous l’autorité du préfet, que les pharmaciens puissent déposer plainte sur rendez-vous », précise Alain Marcillac. Dans 60 % des cas, également, les confrères ne veulent pas se prononcer sur les conséquences de ces agressions au plan psychologique. Il est sûrement douloureux pour eux d’évoquer cet épisode traumatisant. Le tiers des officinaux concernés indiquent pour leur part que ces agressions n’ont pas laissé de traces.
Le recul des agressions s’accompagne par ailleurs de constats plutôt rassurants. Les attaques seraient moins violentes. Les vols à main armée représentaient le quart des agressions en 2009, contre 12,5 % au premier semestre 2010. Dans un cas sur deux, l’agresseur se contente d’une menace verbale. Sur le motif de l’attaque, près de la moitié des officinaux faisaient état d’une injonction concernant la caisse en 2009. C’était le cas du tiers des délits l’an dernier. A contrario, l’armoire à stupéfiants devient de plus en plus une cible. Elle serait à l’origine du quart des agressions en 2010 (17 % en 2009). « Cela concerne surtout des officines installées à proximité de centres de traitement. On ignore s’il s’agit de thérapies de substitution ou d’opiacés proprement dits », indique Alain Marcillac.
Des récidivistes.
De plus en plus, les agressions ont lieu en dépit d’un équipement de télésurveillance (en lien avec une société de service). C’était le cas de 60 % des délits en 2010 et de 35 % d’entre eux en 2009. Mais si l’œil de l’objectif n’est pas toujours dissuasif, il permet en revanche de mieux élucider les affaires. Le responsable ordinal de la sécurité invite ainsi ses confrères à s’équiper. « Il n’y a pas forcément nécessité d’être relié à un centre de surveillance. Une simple webcam constitue déjà une bonne solution », souligne t-il.
À noter, l’an dernier, le tiers des pharmacies agressées l’étaient pour la première fois. En 2009, la moitié des officines concernées avaient déjà été visitées. Ce qui pose à nouveau le problème des délinquants mineurs et multirécidivistes. Lors de l’émission « Paroles de Français », le chef de l’État a promis une réponse spécifique pour endiguer ce type de délinquance. Par ailleurs, le rapport du comité de réflexion sur la sécurité des commerces de proximité doit être remis au printemps au nouveau ministre de l’intérieur, Claude Guéant. L’Ordre y a rappelé sa volonté de disposer de données statistiques sur les taux de résolution de ces agressions. D’ici au début 2012, l’instance doit mettre en ligne la fiche de déclaration d’agression sur la première page de son site Internet, pour faciliter cette démarche.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion