En Suisse, la propharmacie fait exploser les coûts

Publié le 12/03/2018

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Vu de Suisse, le combat mené par les pharmaciens français contre la propharmacie peut faire sourire, tant dans la Confédération helvétique, la pratique est autrement plus controversée. Elle donne même lieu régulièrement à des guerres intestines entre les professionnels de santé. Largement répandue dans les cantons alémaniques, la propharmacie est autorisée dans 17 de ces cantons sur 19, où 80 % environ des médecins sont propharmaciens. La propharmacie est en revanche interdite en Suisse romande.

Si elle peut se justifier historiquement par la configuration géographique du pays, la propharmacie n’en est pas moins décriée pour les dérives qu’elle engendre. Ainsi, une récente étude publiée en septembre 2017 par trois économistes suisses du Centre pour le développement économique régional (CRED) accuse cette pratique de doper les dépenses de l’assurance maladie. Selon eux, les coûts en médicaments délivrés par un généraliste propharmacien dépassent de 51 % ceux d’un praticien classique. Ce différentiel est de 32 % chez les médecins spécialistes. Soit un surcoût de 300 millions de Francs suisses (256 millions d'euros), par an pour l’assurance maladie.

Si ces chiffres sont contestés par les représentants des médecins, il n’en reste pas moins que les médecins « dispensants » sont, en Suisse, trois fois plus nombreux que les pharmacies. Soit 6,9 propharmaciens pour 10 000 habitants contre 2,1 pharmacies pour la même population. Comme le remarque pharmaSuisse, l’organisation représentative des pharmaciens suisses, les pharmacies sont particulièrement moins nombreuses dans les endroits où les médecins sont autorisés à vendre des médicaments.

Ce phénomène pose des questions sur la sécurité de l’approvisionnement – surtout en dehors des heures d’ouverture des cabinets – ainsi que les dimanches et jours fériés. PharmaSuisse ne manque pas d'affirmer que la vente de médicaments par les médecins « détruit le réseau de pharmacies ».

M. B.