En France, 2 652 cas de rougeole ont été déclarés entre le 12 février 2018 et le 10 février 2019. Depuis le 1er janvier de cette année, 350 cas ont été recensés. 100 cas (29 %) ont entraîné une hospitalisation, parmi lesquels 5 en réanimation, 27 cas (8 %) ont connu des complications de pneumopathies et un décès (encéphalite) a été enregistré. « Les hospitalisations sont en hausse car il y a davantage de pneumonies rougeoleuses, qui représentent entre 2 % et 7 % des cas. Il y a aussi un peu plus d’atteintes graves de type encéphalite, qui représente 0,1 % des cas, détaille le Dr Paul-Henri Consigny, directeur du centre médical de l’Institut Pasteur. Il faut rappeler qu’à l’âge adulte un tiers à la moitié des cas donne lieu à des hospitalisations ».
Comment expliquer une telle explosion de cas ? Pour cette maladie extrêmement contagieuse (lire « Un malade contamine 15 à 20 personnes » p.3), la cause principale est la baisse de la couverture vaccinale, seule garante d’une protection efficace. « La capacité de diffusion du virus est déterminée par la survenue d’un cas, au sein d’une population naïve dotée d’une couverture vaccinale insuffisante », rappelle le Dr Paul-Henri Consigny.
Or, en France, la couverture vaccinale, même pour la première dose, plafonne légèrement au-dessus de 80 % de la population. C’est insuffisant. « Nous sommes dans ce domaine un pays sous développé », s’agace le Dr Consigny. Le cas d’une patiente, née en 1968, non vaccinée et hospitalisée récemment, caractérise selon le Dr Paul-Henri Consigny l’épidémie actuelle : autrefois, « ce type de cas ne serait pas apparu car cette personne aurait été en quelque sorte protégée par l’immunité de groupe générée par les 95 % de couverture vaccinale ».
Les personnes non immunisées constituent de potentiels réservoirs d’épidémie. Actuellement, en France, « un certain nombre de grands enfants ou de jeunes adultes ont échappé à la vaccination. Et alors que la rougeole ne circulait plus, ils n’ont pas été immunisés, complète le Dr Daniel Lévy-Brühl, épidémiologiste à Santé publique France. On compte aujourd’hui des centaines de milliers de non immunisés. Les nourrissons de moins d’un an qui n’ont, par définition, pas encore reçu le ROR, sont les premières victimes. Mais ce ne sont pas les seules ».
La sortie de l’épidémie passe donc par la vaccination. Dans l’Hexagone, 80 % des enfants de 2 ans ont reçu les deux doses. La France reste ainsi éloignée de son objectif fixé à 95 % de vaccinés à cet âge. Un rattrapage est néanmoins en cours, chez les enfants scolarisés. « À 6 ans, 94 % sont vaccinés. À 11 ans, c’est le cas de plus de 95 %. C’est mieux mais cela reste trop tardif », indique le Dr Daniel Lévy-Brühl.
Penser à vérifier la vaccination
Le plan de vaccination obligatoire de la ministre de la Santé Agnès Buzyn est ainsi salué par les professionnels. « C’est une décision pragmatique, mais dont les effets ne se réaliseront pleinement que dans quelques années », avertit le Dr Daniel Lévy-Brühl. Les médecins généralistes ont également un rôle à jouer. « Beaucoup des personnes hésitant face à la vaccination sont en réalité des individus négligeants, observe le Dr Paul-Henri Consigny. C’est au médecin traitant de les convaincre dans le cadre du colloque singulier ». « Il n’est jamais trop tard pour vérifier si les personnes nées avant 1980 ont bien reçu les deux doses du vaccin, abonde le Dr Daniel Lévy-Brühl. Les médecins doivent penser à vérifier la vaccination, quel que soit le motif de la consultation ».
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