CONFRONTÉS aux difficultés à exercer de façon rentable en milieu rural, les pharmaciens de Charente appliquent l’adage « l’union fait la force ». L’USPO 16 remarquait récemment dans la presse locale qu’une dizaine d’officines du département auraient tiré leur rideau durant la dernière décennie, certaines ne trouvant aucun repreneur. Ainsi, celle de la rue Montmoreau, à Angoulême, ou d’une autre du centre-ville de Cognac. Entre hausse de charges et chute des marges, des titulaires baissent les bras, confrontés en prime à une désertification médicale de leur campagne, qui ne fait que s’aggraver.
Que ce soit au niveau du conseil de l’Ordre ou des organisations professionnelles, l’analyse du phénomène est identique : face à l’évolution du métier et aux nouvelles donnes du service public de santé, il faut désormais s’adapter ou disparaître. Ainsi des regroupements qui se multiplient – avec des risques réels de baisses de résultats pour certains – dans différentes bourgades : Fléac, Aigre, Roumazières, Rouillac, Barbezieux… tandis que se confirment les inquiétudes des uns ou des autres.
« La Charente n’est pas pour autant sinistrée, relativise Jean-Marc Glénot, président du conseil régional de l’Ordre, lui-même officiant à Baignes. Comme partout, des officines sont en difficulté, mais il ne faut pas se focaliser sur notre seul département. Ceci dit, ce que nous pouvons craindre c’est une aggravation des problèmes, qui conduiront les intéressés à chercher des solutions, dont de possibles regroupements. Ces derniers peuvent également être un moyen de mieux servir les clients, d’offrir de meilleures prestations, en réunissant des compétences diverses en un seul lieu. Regrouper, c’est mutualiser les moyens, et donc renforcer son efficacité, pour le plus grand bénéfice des patients, mais cela peut être aussi une solution de survie. »
Une opération positive.
Un état des lieux a été dressé par l’institution, révélant la multiplication de rapprochements entre pharmaciens, dans le but la plupart du temps de faire face à la crise. Ces associations peuvent prendre différentes formes, entre titulaire ayant des associés, participation financière entre professionnels pour dynamiser l’entreprise, etc. Le regroupement, avec en finale restitution d’une licence, découle d’une décision entre officinaux permettant de rentabiliser une officine, au lieu de deux qui l’étaient moins.
Ainsi, la pharmacie de Montignac, qui fermera ses portes ces jours-ci, dont le propriétaire, Jean Christophe Decobert, a décidé de s’associer avec son confrère, distant de deux kilomètres. Ils seront désormais rassemblés dans une nouvelle structure en cours d’achèvement à Saint Amand de Bois. Idem pour Vincent Négret, à Aigre, qui a repris en octobre dernier l’affaire de son ancien concurrent parti à la retraite, faisant deux pharmacies en une, permettant ainsi de répondre correctement aux besoins des 3 000 habitants du canton. Une initiative qui a également permis de conserver tous les salariés, tout en garantissant un équilibre financier. « Les conditions étaient idéales, précise-t-il. Nous étions à quelques mètres l’un de l’autre, mais comme il avait le meilleur emplacement, j’ai déménagé. Son officine était de plus en meilleur état que la mienne, j’ai donc transféré mon stock, avant de rendre les clés, car j’étais locataire. Mon objectif est d’arriver à un résultat de 1+1 (les deux CA s’additionnant) mais je serais déjà satisfait de faire 1,80 au bout d’un an. Nous avons sauvegardé l’emploi, ce qui fait que l’opération n’aura nui à personne. »
Bien qu’il soit prématuré de tirer un bilan, Vincent Négret reste optimiste, constatant une fidélité des patients fréquentant auparavant les deux entités. Il restera dorénavant à Aigre la seule pharmacie en exploitation, rayonnant sur le bourg et ses vastes alentours. Pour l’instant, il comptabilise environ trois cents actes de vente quotidiens – entre prescriptions et autres produits – relevant une activité constante. « Nous répondons à un besoin, résume-t-il, et nous allons développer nos spécialités, celles de l’ancienne officine, plus celles issues de la mienne. Ici, sur cet emplacement, nous avons réussi notre transition-expansion, mais encore une fois dans des conditions optimales. Sur mon seul cas, on peut affirmer que le regroupement est une très bonne solution. »
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