Les autorités de contrôle du médicament ont comptabilisé, en 2018, 9,3 millions de boîtes prescrites en rupture de stock au sein des 19 000 officines allemandes, ce qui correspond à 500 boîtes par officine et par an, soit un peu moins de deux par jour ouvrable, mais avec des différences sensibles d’une pharmacie à l’autre. Les médicaments qui manquaient le plus souvent étaient, en volume, l’Ibuprofène (1,6 million de boîtes manquantes sur 26 millions de boîtes prescrites), suivies par le Diclofénac, puis le Valsartan, le Pantoprazole, le Ramipril, et le Bisoprolol, ainsi que deux diurétiques. En pourcentage, c’est le Valsartan et les antidépresseurs Opipramol et Escitalopram qui manquent le plus souvent, avec 12 à 13 % du total prescrit non disponible.
Ces ruptures de stock perturbent gravement le fonctionnement des officines : selon le Baromètre des Pharmacies 2019, enquête annuelle sur les attentes et le moral des pharmaciens réalisée par l’ABDA, 18 % de ceux-ci estiment que leur personnel a perdu 20 % de son temps de travail à gérer des problèmes de rupture de stock au cours des trois derniers mois. La moitié des pharmaciens interrogés pense, elle, que cette perte de temps se situe plutôt entre 6 et 15 %, et seulement 3 % des interrogés la jugent inférieure à 5 %.
Durant leur congrès, les pharmaciens ont débattu et adopté plusieurs résolutions réclamant des réponses plus énergiques des autorités nationales et européennes face aux ruptures de stock, mais aussi une meilleure information sur ces dernières et, comme ils l’avaient déjà exigé l’an dernier, une relocalisation de la production pharmaceutique en Europe.
Le même Baromètre a montré que les pharmaciens n’ont jamais été aussi inquiets pour l’avenir de la profession qu’actuellement… même si, dans le même temps, ils sont relativement confiants en ce qui concerne leur propre situation. Le président de l’ABDA, Friedemann Schmidt, s’étonne d’ailleurs du paradoxe entre cette vision individuelle plutôt positive, mais assombrie par une perception pessimiste de l’ensemble de la pharmacie, et appelle ses confrères à « envisager l’avenir de manière plus déterminée ».
À côté des traditionnelles récriminations face à la bureaucratie et aux tâches administratives toujours plus envahissantes, les pharmaciens, et surtout leurs collaborateurs officinaux, sont de plus en plus nombreux à dire qu’ils ont « perdu le plaisir de travailler » : pour l’ABDA, cette lassitude est inquiétante, en particulier celle des jeunes pharmaciens qui expriment souvent d’autres aspirations que le travail en officine, et risque de poser de sérieux problèmes pour l’avenir du réseau.
Enfin, alors que l’ordonnance électronique doit entrer progressivement en vigueur à partir de 2021, les officinaux sont nombreux à percevoir cette dernière comme une menace, car elle risque selon eux de renforcer encore la pénétration des pharmacies en ligne.
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