Les pharmacies en ligne allemandes, y compris celles installées aux Pays-Bas, détenaient en 2019 près de 20 % du marché des OTC, et près d’1,3 % de celui des prescriptions. Selon le syndicat allemand des pharmacies en ligne, le BVDA, les commandes sur Internet auraient progressé de 60 % depuis le début de la crise, et certains instituts de marketing estiment que les ventes en ligne d’OTC auraient atteint ces dernières semaines la barre des 30 % du marché et parlent d’« effet catapulte ». Si le médicament prescrit progresse moins vite, c’est surtout parce que la plupart des médecins, des pharmaciens et des caisses ne sont pas encore interconnectés.
Les officinaux demandent l'interdiction
Outre l’augmentation des volumes d’OTC, les pharmacies virtuelles ont considérablement augmenté leurs prix et supprimé la plupart de leurs ristournes, sans que cela entrave vraiment leur activité. Certains paracétamols, dont celui produit par Stada, se sont renchéris de 75 %, le prix des solutions hydroalcooliques grimpant, lui, de 60 %. Outrés par les propos des pharmacies virtuelles, qui communiquent largement sur leur mission de santé publique et leur « valeur ajoutée » en ces temps de distanciation sociale, les pharmaciens ont été nombreux à exiger, sans succès, leur interdiction provisoire. Comme l’expliquait Thomas Preis, président du syndicat régional des pharmaciens de Rhénanie du Nord, « Il est inconcevable que nous passions nos journées à chercher du paracétamol et autres médicaments indispensables pour nos clients, pendant que ces produits sont tranquillement stockés dans les hangars hollandais des pharmacies virtuelles ».
Mais pendant que les pharmacies en ligne déclarent sans vergogne qu’elles espèrent que les nouveaux clients attirés depuis la crise leur resteront fidèles ensuite, les officinaux s’inquiètent d’un nouveau phénomène apparu depuis quelques jours : leurs officines se vident dramatiquement. Après les « rushs » des premières semaines, beaucoup d’officines semblent délaissées par la population qui, il est vrai, n’est plus autorisée à circuler librement, et ce au moins jusqu’au 19 avril. Les patients ont fait beaucoup d’achats « préventifs », constatent les officinaux, mais aujourd’hui, les officines sont désertes. Alors qu’il y a quelques jours encore, les pharmaciens redoutaient surtout un nombre trop important de malades parmi leur personnel, beaucoup de titulaires se demandent maintenant s’ils n’auront pas besoin de se séparer, au moins provisoirement, de certains de leurs collaborateurs.
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