LES DEUX officinales se sont associées à une randonnée pédagogique et pédestre, dans laquelle elles étaient chargées de présenter la flore, sur la base de leurs connaissances, à une soixantaine de participants. « Cette sortie botanique m’aura permis de parler pharmacologie, des simples, du livre du spécialiste, lui-même ancien pharmacien, Jean-Marie Pelt, explique Chantal Lobry. Il est souvent difficile de faire se déplacer des gens dans des petites communes mais, cette fois, nous avons senti une motivation. Au point que nous allons récidiver et que nous programmons d’autres manifestations similaires. »
Mobilisées contre le projet qui risque d’amputer l’un des derniers espaces verts du Douaisis, les deux praticiennes soutiennent activement l’association de défense. Elles se sont d’ailleurs rapprochées de botanistes confirmés – dont un médecin généraliste – offrant ainsi à leurs concitoyens une formation sur le terrain, sur fond d’explications d’une flore qu’elles connaissent elles-mêmes assez bien.
Défendre la vie.
« Il y a du militantisme dans notre démarche, reconnaît Chantal Lobry, car nous nous préoccupons réellement de ce problème qui concerne la vie des gens de la région. Le Nord est devenu une terre aride, fortement peuplée, chargée de constructions industrielles. Son bois a servi durant des siècles à charpenter les galeries minières, à bâtir, à faire des traverses de rails, etc.. L’équilibre écologique s’est trouvé rompu, sans espoir de voir revivre des massifs boisés définitivement disparus. Les plantes, c’est aussi la médecine, comme la pervenche des bois, qui est un anticancéreux reconnu, ou comme l’if, et les voir s’en aller, c’est perdre une façon de soigner les malades. »
Analyse identique dans l’association SOS Nature Douaisis, fondée en janvier dernier, dont la responsable, Anne Reinhardt, apprécie au plus haut point l’apport des deux pharmaciennes. « Nous avons mobilisé à leurs côtés trois ornithologues, deux botanistes, deux historiens. Ils ont donc tous évoqué leurs points de vue, en rapport avec leurs spécialités, mais nos pharmaciennes ont dévoilé à leur public la nature curative des plantes, dans un exposé qui a été très apprécié. C’est pourquoi nous ferons de nouveau appel à leurs services et leurs connaissances, dans nos prochaines manifestations. »
Rendu public en septembre 2008, le projet de construction d’une route, d’une emprise au sol de 34 mètres de large, reliant Cantin à Masny, met en péril la trame verte Scarpe-Sensée et les campagnes environnantes. Le collectif pour empêcher cette réalisation, auquel adhère l’association, recense déjà 80 adhérents.
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