« J’étais déjà rentrée chez moi lorsque j’ai appris l’attentat », se souvient Régine Klein, titulaire de l’officine joliment située au rez-de-chaussée d’une vieille maison à colombages et encorbellement : « J’ai passé ensuite la nuit à l’hôpital pour réconforter les familles des victimes, notamment celle de la jeune fromagère blessée d’une balle dans le bras. » Si tous les magasins étaient heureusement déjà fermés au moment de l’attaque, le secteur restait joyeusement animé : cinq passants ont été blessés à moins de vingt mètres de l’officine, en plus des deux hommes abattus d’une balle en pleine tête juste devant la pharmacie. L’un d’entre eux, un jeune journaliste italien, était venu à Strasbourg pour y suivre la session du Parlement européen ; l’autre était l’ami chez qui il logeait, un artiste très impliqué dans l’animation culturelle locale.
Dès le lendemain, poursuit Mme Klein, des Strasbourgeois ont déposé des fleurs à l’entrée de la rue, car il était encore interdit d’approcher plus en avant sans motif valable. Un véritable petit mémorial de fleurs, de bougies et de photos s’est rapidement construit, alimenté par les passants et les curieux, devant la vitrine d’angle d’un caviste, pendant que deux autres mémoriaux s’échafaudaient dans la même rue. « J’ai alors proposé qu’on les réunisse tous devant l’officine, d’une part à titre d’hommage aux deux tués, et d’autre part pour faciliter la circulation, car la rue est très étroite », poursuit la titulaire. Très impliquée dans le soutien aux commerçants et aux riverains, elle estime que ce mémorial a pu aider la population à honorer les victimes et répondait à une émotion sincère, à l’image des gerbes et des bougies déposées à l’emplacement des autres meurtres, ainsi que sur la place Kléber.
Aujourd’hui toutefois, ce mémorial, comme ceux des autres rues, est toujours en place et devient « pesant » pour les riverains et les commerçants, estime Mme Klein : « Au-delà du fait qu’il nous maintient dans l’ambiance atroce de la soirée du 11 décembre, il se répercute sur notre activité, constate-t-elle. Depuis un mois, les passants s’arrêtent longuement devant, mais ne regardent plus du tout les vitrines environnantes, puis s’en vont. »
Tourner la page
Les attentats ayant entraîné non seulement un bouclage du secteur pendant deux jours, mais aussi une chute du nombre des touristes, décembre a été très décevant pour le commerce, qui espère maintenant un retour à la normalité. « Nous avons tous besoin de tranquillité pour tourner la page », conclut Régine Klein. De plus, ajoute-t-elle, il était normal au début que les habitants du quartier et les commerçants se réconfortent mutuellement. Mais aujourd’hui, il y a toujours des gens qui entrent dans les magasins apparemment surtout pour savoir ce qui s’est passé, avant de repartir sans le moindre achat. « Nous partageons la douleur des proches et nous les avons aidés du mieux que nous avons pu, mais nous espérons vraiment que tous ces objets soient rapidement transférés ailleurs », termine notre consœur. À Noël, la municipalité avait expliqué que tous les mémoriaux érigés sur les lieux des crimes seraient prochainement regroupés pour être conservés ensuite aux Archives municipales mais, à la mi-janvier, ils n’avaient toujours pas bougé.
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