PARMI LES LAURÉATS des trois grands prix littéraires français, une seule femme, Marie Ndiaye, qui s’est vue attribuer le Goncourt pour « Trois Femmes puissantes » (Gallimard). Déjà couronnée par le prix Femina en 2001, elle est ainsi la première femme à décrocher la plus prestigieuse des récompenses depuis 1998, au premier tour de scrutin. Son roman (« le Quotidien » du 27 octobre) raconte les destins de trois femmes, trois histoires qui se répondent entre elles et qui, chacune à leur manière, illustrent la volonté d’assumer le passé pour mieux affronter l’avenir. Née d’une mère française et d’un père sénégalais, Marie Ndiaye illustre, dans ce livre – son huitième roman à 42 ans – la difficulté pour les migrants de quitter le sol natal ou d’y revenir, autant que de trouver sa place dans un autre pays.
Retour d’exil.
Les mêmes questions sont abordées par Dany Laferrière, 56 ans, qui a reçu, également au premier tour, le prix Médicis, pour « l’Énigme du retour » (Grasset). Canadien d’origine haïtienne – il a quitté son île natale en 1974 pour échapper aux tontons macoutes du dictateur Jean-Claude Duvalier – il a publié, depuis son premier succès « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer », près d’une vingtaine d’ouvrages qui traitent tous de la question de l’exil et de l’identité.
De Montréal à New York et à Port-au-Prince, « l’Énigme du retour » raconte précisément – dans un style à la fois laconique et coloré, avec, au cœur de la fiction, ses propres poèmes – le retour du narrateur-auteur à Haïti après plus de trente ans d’exil et surtout après la mort de son père qui avait été lui-même contraint à l’exil. Un retour qui est une bouleversante redécouverte de son histoire, de ses racines et de son pays.
Le témoignage d’un émigré.
Le Médicis étranger, qui couronne l’Américain Dave Eggers, 39 ans, pour « le Grand Quoi » (Gallimard), est de la même veine. Son premier roman, « Une œuvre déchirante d’un génie renversant », qui évoquait la traversée des États-Unis par deux enfants, l’auteur et son frère, après que leurs deux parents sont morts d’un cancer, à cinq semaines d’intervalle (vrai ou faux ?), avait fait grand bruit. Celui-ci, construit à partir du témoignage d’un émigré soudanais, installé à Atlanta, est également stupéfiant.
Valentino Achak Deng raconte comment, à l’âge de 8 ans et comme des milliers d’enfants, il a fui son village natal pour échapper aux attaques des milices armées par Khartoum ; comment, traversant désert ou jungle, il est parvenu à gagner l’Éthiopie et le Kenya, où il a passé plus de dix ans dans les camps de réfugiés avant de pouvoir gagner l’Amérique, qui se révèlera aussi dure et cruelle que son Soudan natal. Auteur discret et éditeur marginal, Dave Eggers donne des cours d’écriture aux jeunes défavorisés de San Francisco.
Une odeur de succès.
Retour au domaine franco-français avec le prix Renaudot, attribué finalement au cinquième tour de scrutin à Frédéric Beigbeder pour « Un roman français » (Grasset). Un roman familial (« le Quotidien » du 15 septembre), inspiré à l’auteur après sa mésaventure parisienne, lorsqu’il a été interpellé en plein Paris alors qu’il sniffait de la cocaïne sur le capot d’une voiture, expédié au dépôt de la Préfecture de police et victime, selon lui, d’une garde-à-vue disproportionnée à la « faute ».
Le seul soupçon de scandale évoqué jusqu’à présent lors des prix, est le soupçon de copinage puisque Frédéric Beigbeder, 44 ans, est également critique littéraire et membre de plusieurs jurys ; mais on savait déjà, avec la récente affaire de népotisme et avant que le juré Patrick Besson n’enfonce le clou, que « ce n’est pas parce que quelqu’un est célèbre, mondain et riche, qu’il n’a pas de talent ».
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