VOUS AVEZ EXPRIMÉ dernièrement et librement des propos qui concernent notre profession de pharmaciens d’officine et votre appréciation sur son mode d’exercice. Ils ont été filmés et sont donc irrévocables quant à l’expression de votre sentiment. Ils ne m’étonnent pas vraiment car il y a longtemps que notre profession a pu percevoir, alors qu’elle préférait ne pas s’en préoccuper par souci de confraternité et, très certainement aussi, par faiblesse, la propension d’une partie du corps médical à nous assimiler à un « tiroir-caisse », comme vous le dites plusieurs fois dans ce film. Honteusement ! Il est de bon ton, et l’on voit bien que cela vous fait sourire, de vilipender ce qui pourrait sembler un aspect commercial quand il s’agit de santé. Faites un audit de votre profession. Le pharmacien que je suis, après 32 ans de pratique, ne se prétendant pas irréprochable, mais armé mentalement de sa mission de santé publique, défendue en toutes occasions, que ce soit à l’officine, dans les congrès, dans les ministères ou assemblées dirigeantes, en a marre. Et l’exprime. Avec force et sans crainte.
Vous nous provoquez. On a beaucoup à dire depuis des années. Pour autant, on restera mesuré. Par éducation ! Il est évident que la totalité des médecins que vous représentez travaillent pour la gloire et ne demandent aucune revalorisation de leurs actes. Ils ne multiplient pas les consultations, pratiquées en quelques minutes, dans des conditions décriées par nos patients à qui nous tentons, depuis des années, par confraternité, d’en expliquer les raisons. Je constate que vos propos sont, à juste titre, condamnés par nos instances, pour leur mépris concernant vos partenaires de tous les jours, discrets, synergiques, mais finalement acceptant le concept de dominance ou de complexe d’infériorité… mais je fais partie des personnes qui ne se contenteront pas de ces quelques remous médiatiques bien vite oubliés. J’ai exercé quelques responsabilités professionnelles nationales qui m’ont amené à défendre avec force le rôle du pharmacien et à prouver qu’il devait renforcer et faire valoir le champ de ses compétences, trop souvent éteint par des volontés dominatrices. Lassé d’être le valet volontaire, il a la capacité de faire valoir sa valeur ajoutée d’acteur de santé, que d’aucuns ont volontairement écrasée depuis des dizaines d’années. Je revendique haut et fort la possibilité pour le pharmacien, comme cela se pratique dans d’autres pays, après formation validante, d’être reconnu comme compétent pour de nouveaux actes ou de nouvelles missions telles que :
- prévention et dépistage : diabète, cholestérolémie, cancers, etc. sur des populations saines qui rentrent dans les pharmacies à hauteur de 4 millions par jour sans rendez-vous et sans attente…
- suivi thérapeutique de traitements chroniques (observance, éducation, adaptation du traitement…)
- mise en œuvre de préparation des doses à administrer au quotidien en EHPAD et à domicile…
- test angines pour vérifier l’utilité d’un traitement antibiotique prescrit par vous…
- vaccinations : suivi du carnet, mise en œuvre…
- et beaucoup d’autres à mettre en œuvre par notre proximité, y compris à domicile.
La volonté n’est pas de priver ou d’empiéter sur le pré carré de quiconque, mais bien de renforcer l’efficacité de l’alliance des professionnels de santé. Il y a des gentils pour en expliquer les intérêts et je les félicite et il y a des méchants, comme moi, lassés d’attendre et capables de démontrer, avec force, que le pharmacien peut remplir d’autres fonctions qui ne seront pas usurpées, comme on a pu prouver le bienfait de la « pilule du lendemain » délivrée par les pharmaciens ou le renouvellement de la contraception. Ou encore de la prise de tension, que vous décriez, en dépistage ou en suivi de vos prescriptions. Et je vous assure que nos patients ne sont pas debouts « derrière la caisse », comme vous l’insinuez lamentablement, mais moins en stress, assis 10 à 15 minutes, et traités à part, loin de l’attente, depuis des heures parfois, dans certaines salles d’attente surbookées, stressantes et remplies de microbes !
Je m’autorise, de ce fait, à vous manifester le plus tranquillement possible, mais avec une force surmultipliée, que vos propos, scandaleux, ont vécu, car je suis persuadé qu’ils ne sont plus conformes à la pensée majoritaire de vos confrères en exercice. En tout cas, je veux le croire, sauf à envisager que le mépris soit doublé de duplicité.
Vous resterez le responsable de propos extrêmement blessants et ridicules quant au vocabulaire employé et l’incompétence de jugement sur notre réalité. Il se trouve que vous exercez une mission que je respecte depuis toujours mais qui ne peut stopper ma volonté de faire évoluer le modèle pour faire bouger les lignes de ma profession. Ainsi, pour moi, la seule réponse à vos propos intolérables vis-à-vis des partenaires que nous sommes depuis des dizaines d’années, est votre démission que je réclame dès ce jour, assortie d’excuses pour le moins évidentes pour toute personne bien élevée, comme on disait autrefois.
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