COMMENT agencer sa pharmacie de manière originale ? Pas toujours facile de trouver l’image juste qui permettra d’aller au-delà de celle très classique que l’on perçoit de la plupart des officines. En Bretagne, deux d’entre elles ont fait des choix qui sortent de l’ordinaire à l’occasion, l’une, d’un transfert, c’est le cas de la pharmacie Mignen à Douarnenez, dans le Finistère, ou l’autre, d’un rachat, comme l’a fait Véronique Plougoulen, à Brest. Pour Nicolas Mignen, titulaire de la première officine, la question ne se posait pas tant en termes d’originalité que du point de vue d’une harmonisation à trouver. « J’avais des choses disparates, au niveau des sacs, des porte-cartes etc. Et je souhaitais harmoniser l’identité graphique et visuelle de l’ensemble de l’officine. » Véronique Plougoulen, elle, souhaitait avant tout créer une ambiance chaleureuse dans sa pharmacie située dans les quartiers populaires de Brest, et s’est posé la même question de savoir comment faire. Tous deux ont regardé autour d’eux ce qu’ont fait leurs collègues. De fil en aiguille, on leur a conseillé une agence de communication bretonne, Des Ronds Dans l’Eau, sise à Trégueux (Côtes d’Armor) qui apporte une impulsion décisive à leur projet. « Elle n’est pas venue avec des idées préconçues, évoque Véronique Plougoulen, je lui ai raconté comment je vis la pharmacie et elle a compris. » Christophe Lucas, le directeur de l’agence, explique combien il est nécessaire d’être à l’écoute des clients avant de leur proposer une identité visuelle propre. « Il faut comprendre où sont leurs attentes qui ne sont pas toujours explicites », affirme-t-il. Même ainsi, les choses ne sont pas toujours faciles. Christophe Lucas a fait trois propositions à Nicolas Mignen qui l’ont rendu dubitatif. « Je suis quelqu’un de très pragmatique, et ces projets m’ont paru trop flous, trop artistiques », avoue-t-il volontiers. Mais son épouse Alice a su le convaincre. La formation littéraire et l’expérience professionnelle dans le marketing d’Alice Mignen ont permis de dépasser ce clivage entre la rigoureuse discipline d’une formation pharmaceutique et la liberté de ton nécessaire parfois dans la communication. « Finalement, le message que je voulais faire passer a été bien perçu », ajoute Nicolas Mignen. Selon Christophe Lucas, il est assez fréquent que les questions d’aménagement soient traitées par le couple et non par le seul titulaire. En l’occurrence, Alice et Nicolas Mignen se sont décidés pour un concept visuel lié à l’enracinement, à l’identité bretonne, à la nature. Douarnenez, sa baie, la légende d’Ys et sa sirène ont inspiré Christophe Lucas qui a proposé une thématique autour de cette sirène, des poissons et des oiseaux. Le graphiste a travaillé main dans la main avec l’architecte qui a supervisé l’ensemble des travaux, Françoise Ledu, qui travaille à Fouesnant (dans le Finistère). Ainsi ont été conçus les différents espaces de la pharmacie qui occupe pas moins de 200 m2 de surface de vente. Un espace enfant, une alcôve pour les produits naturels où domine le vert, une autre dédiée à la cosmétique de couleur fuchsia ont été ainsi organisés en rappelant la thématique graphique mi-nature, mi-légende conçue par l’agence de communication.
Sentiment d’appartenance.
Véronique Plougoulen, elle, était à la recherche d’un autre type d’enracinement, social celui-là. « Je souhaitais jouer sur le sentiment d’appartenance à un quartier, faire en sorte qu’il y ait une atmosphère chaleureuse, familiale dans l’officine », explique la titulaire. Une première mission a été donnée à l’agence, celle de trouver un nom à la pharmacie. Après avoir recherché du côté de l’enracinement local, Véronique Plougoulen opte pour l’idée apportée par Des Ronds Dans l’Eau, « chez ma pharmacienne », qui insiste sur la notion de proximité. Ce nom est mis en valeur sur le fronton de l’officine par un graphisme particulier rappelant la bande dessinée. C’est en effet le choix fait par Véronique Plougoulen d’accepter la proposition de Christophe Lucas d’utiliser cet art pour illustrer la convivialité au sein de la pharmacie. Des dessins, des caricatures aussi sur les badges de chacun des salariés, y compris la titulaire, donnent une image différente. Un sens très breton des expressions interpelle aussi les clients. « Les plus jeunes trouvent ça drôle, les seniors eux affirment que oui, c’est comme ça qu’on se parle », précise Véronique Plougoulen. Qui dit BD dit humour, ainsi l’été dernier, beau sur la France à l’exception de la Bretagne, la pharmacie n’a pas hésité à afficher un slogan pour illustrer tout ce qui est douleur et fièvre « 39° à Brest, du jamais vu ! ». La bande dessinée est ainsi utilisée pour tous les rayons de la pharmacie.
Qu’apportent un graphisme et un design originaux ? Les sommes engagées ne sont pas données et il n’est peut-être pas si évident de rentabiliser un tel investissement. Pour Nicolas Mignen, qui a investi 7 000 euros sur la conception graphique (à comparer aussi avec le coût total du transfert qui s’est élevé à 350 000 euros), l’impact sur la fréquentation est réel : « les gens ont envie de rentrer ». Véronique Plougoulen, qui a déboursé pour sa part quelque 15 000 euros, estime que le but n’est pas de faire venir plus de clients, mais de fidéliser la clientèle existante. Et pour l’instant, la mission est accomplie.
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