La dispensation en officine de médicaments anticancéreux par voie orale et les entretiens avec le patient ne s’improvisent pas, ils se préparent. En effet, ces traitements nouveaux (thérapies ciblées, hormonothérapies) sont nombreux, souvent prescrits au long cours et à des stades avancés de la maladie. Ils placent donc le pharmacien dans un rôle clé. En outre, ils évoluent sans cesse et nécessitent une bonne formation des officinaux. C’est pourquoi UTIP Innovations a proposé un après-midi de formation validante, lors du récent congrès national des pharmaciens qui s’est tenu à Bordeaux.
Alexandra Gaertner, pharmacienne en Alsace, a rappelé les objectifs de cette nouvelle prise en charge : « La dispensation des anticancéreux en officine vise à rendre le patient autonome et acteur de son traitement en assurant meilleure observance et adhésion à sa thérapie. »
Observance et effets indésirables
La mauvaise observance, que certaines études évaluent à 50 % des patients, exige la vigilance du pharmacien dans le cadre des entretiens qui démarreront en 2020. L'officinal doit aussi préserver la qualité de vie du patient à domicile par la gestion des effets indésirables : « Ceux-ci sont rarement graves dans le cadre des thérapies ciblées, précise Mario Di Palma, oncologue à l’hôpital américain de Paris. Mais ils sont importants et doivent être traités, car ils peuvent engendrer une mauvaise observance, voire un arrêt du traitement. Il est donc important de bien communiquer avec le patient et ses proches. Vous, pharmaciens, êtes tout à fait capables de jouer ce rôle, si vous êtes bien informés et si vous avez un hôpital accessible. Et là, il y a des progrès à faire… »
Néanmoins, certains centres anticancéreux (Bergonié* à Bordeaux, Gustave Roussy, près de Paris) ont déjà mis en place des plateformes téléphoniques où patients, pharmaciens, infirmières et médecins peuvent obtenir en temps réel des réponses à leurs questions.
Emmanuel Heuzé, diététicien spécialisé en oncologie, a insisté sur le rôle essentiel du pharmacien dans la surveillance diététique et pondérale des patients : « la perte de poids prédit la survie. » Une perte de 5 % étant un premier signe d’alerte.
Enfin, le pharmacien doit prévenir et détecter les interactions dans les traitements comme avec l’automédication, fournir aux patients des conseils généraux (laver ses mains avant et après, ne pas croquer ou mâcher…) et des fiches d’information sur les traitements qu’il reçoit. Les intervenants UTIP ont cité des plateformes (voir encadré) sur lesquelles le pharmacien peut télécharger ces fiches pour lui-même ou ses patients.
Coordination ville-hôpital
François Martial, président de la Conférence nationale des URPS pharmaciens, a rappelé la confiance des patients envers leur officine pour ces dispensations et leur accompagnement : « Pour tenir ce rôle essentiel dans la vie du patient à domicile, il nous faut deux choses : savoir écouter, répondre, accompagner, et travailler en coordination avec les hôpitaux, les médecins (oncologues, généralistes) et les soignants. »
Une coordination ville-hôpital également souhaité par Barbara Lortal, chef du service pharmacie à l’Institut Bergonié : « Nous devons engager un dialogue confraternel qui nécessite des échanges sécurisés, du respect et une bonne formation des officinaux et de leurs équipes. Par contre, cette communication est chronophage et non financée… Mais, sachez qu’à Bergonié, nous serons toujours là pour vous. »
* Centre régional de lutte contre le cancer.
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