LE MONDE de la santé en a rêvé, la Vendée l’a fait. La télémédecine a germé dans ce département de l’ouest de la France qui souffre d’une désertification médicale prononcée et dont la population augmente, notamment celle des plus âgés. Qui plus est, le territoire est vaste et certains sites sont très éloignés, notamment les îles d’Yeu et de Noirmoutier. D’où la nécessité de développer une offre de soins adaptée, au moyen de technologies efficaces, de façon à réduire les inégalités d’accès aux services de santé. Cela se traduit par un projet de télémédecine (Télémedinov) reposant sur un maillage important des professionnels de santé : le Centre Hospitalier Loire Vendée Océan (CHLVO), les EHPAD du bassin de population visé, une quarantaine de médecins et deux pharmaciens. L’ensemble est mené par la société Rioli Télésanté Consult, spécialisée dans l’analyse et le conseil en télémédecine, « chef de file » du consortium industriel qui porte le projet.
Relier les professionnels aux patients.
Dès son lancement, en octobre 2012, l’objectif était, dans un premier temps, de relier le CHLVO à certains établissements, comme l’EHPAD de la commune de Commequiers, afin de permettre un accès aux spécialistes de la gériatrie, de la diététique et des soins palliatifs. Puis d’étendre la couverture et d’assurer des téléconsultations de qualité, notamment dans des spécialités précises, telles l’ophtalmologie, la dermatologie, l’ORL, ou encore la pneumologie. Et bien sûr avec des médecins généralistes. Aujourd’hui, le projet Télémedinov cherche à élargir le champ de la télémédecine de telle sorte que, bientôt, des téléconsultations hospitalières puissent avoir lieu pour des situations dites « semi-urgentes », afin de désengorger les services d’urgence.
Bonne nouvelle pour le consortium à l’aube de nouveaux développements, l’ARS Pays-de-Loire, qui a lancé un appel de projets de télémédecine en juillet dernier, vient d’accorder une subvention de 321 000 euros au CHLVO pour l’extension et la consolidation du projet.
« L’enjeu de tout projet de télémédecine est de faire comprendre à des professionnels de santé que l’on n’apporte pas une solution technologique, mais que l’on vient avec un véritable projet médical nécessitant une réorganisation du système de soins à l’échelle locale », explique Michel Rioli, directeur du projet Télémedinov. En habituant les médecins traitants à participer à des téléconsultations avec les patients et les professionnels de santé des EHPAD, notamment les infirmières, le projet leur donne la possibilité de découvrir les avantages de la télémédecine. « Or l’arbre décisionnel que nous avons mis en place accorde une place centrale aux médecins traitants qui, d’ordinaire, ne vont pas spontanément vers ces solutions de télémédecine », indique Michel Rioli. Quant aux pharmaciens, ils ne sont pas oubliés. Au contraire, ils se sont vus attribuer le rôle de point d’entrée aux services de santé dans les zones où la désertification médicale progresse. « La création de maisons médicales pluridisciplinaires conduit à la disparition des médecins de village et, dans ce cas, le pharmacien, grâce à la télémédecine, peut permettre aux patients de disposer d’une téléconsultation sans avoir à se déplacer jusqu’à 15 km ou plus », insiste Michel Rioli. Ce n’est pas tout. Au-delà de cette mission, le pharmacien peut utiliser la télémédecine pour accompagner les personnes âgées atteintes de pathologies chroniques. Des téléconsultations ont également été menées, notamment pour des affections dermatologiques, le spécialiste déterminant à partir de clichés la marche à suivre.
Une source d’économies.
Le projet doit encore s’étendre. Télémedinov entend se connecter à la future plateforme de télémédecine que la région Pays-de-Loire ouvrira d’ici à la fin de l’année, offrant alors la possibilité de développer l’imagerie médicale par le biais de la visio conférence. Quant au bilan économique de l’expérience, il est déjà satisfaisant, à l’échelle de l’EHPAD de la seule commune de Commequiers. Près de 17 000 euros ont été économisés en un an, grâce à la diminution des déplacements et des prises en charges inutiles. Une extrapolation permet d’estimer cette économie à quelque 250 000 euros sur une base de 1 000 lits. De plus, depuis un an, il n’y a plus de transfert de patient en urgence à l’hôpital. Quand un transfert est nécessaire, il s’effectue directement dans les services spécialisés sans passer par les urgences qui se trouvent de ce fait désengorgées.
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