Dépollution naturelle

Des champignons dévoreurs de plastique

Publié le 16/04/2012

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QUELLE ne fut pas sa surprise, lorsque Jonathan Russell, étudiant en biochimie de la prestigieuse Université de Yale (États-Unis) découvrit qu’une partie du plastique de ses boîtes de Petri avait disparu. Dans ces boîtes, des cultures d’un champignon, Pestalotiopsis microspora, rapporté d’une expédition scientifique en pleine jungle équatorienne. Le biochimiste et son équipe venaient de découvrir un cryptogame capable de dégrader le plastique. Si des scientifiques avaient déjà identifié par le passé des champignons pouvant décomposer partiellement des polymères plastiques, c’était la première fois en revanche qu’ils se trouvaient en présence d’un organisme capable de le détruire presque sans oxygène. Une caractéristique précieuse si l’on considère l’exploitation dépolluante potentielle de cette découverte dans le traitement des ordures ménagères. En effet les déchets concentrés dans des décharges sanitaires sont souvent enfouis ce qui ménage des conditions anaérobies compatibles avec l’activité du champignon. L’utilisation de Pestalotiopsis microspora pourrait ainsi raccourcir considérablement la durée de vie des polymères bêtes noires des défenseurs de l’environnement. Plus précisément, c’est le polyuréthane qui constitue le plat préféré du « champignon écolo ». Comment ? Une enzyme contenue dans le champignon parvient à briser les ponts phénoliques des résines de polyuréthane. Cette technique de recyclage naturelle s’appelle la « bioremédiation ». D’autres micro-organismes, des bactéries ou des plantes peuvent également éliminer des polluants, tels le pétrole des marées noires, certains métaux lourds, ou encore l’amiante.

Les applications industrielles de la découverte des étudiants de Yale ne sont pas pour demain, modèrent les experts de la dépollution naturelle. Mais leur étonnante découverte démontre une fois de plus, s’il en était besoin, que la protection de la biodiversité a de nombreuses et multiples justifications, parfois même insoupçonnées.

› DIDIER DOUKHAN