La Haute Autorité de santé (HAS) a présenté ce matin le détail de la « première évaluation scientifique française » sur les médicaments homéopathiques et justifié son avis défavorable au maintien de leur remboursement. Dans l'attente d'une décision politique, Boiron ne désarme pas.
L'avis dévoilé ce matin par la HAS déplore « une efficacité insuffisamment démontrée pour justifier d'un remboursement ». Ce n'est pourtant pas faute d'avoir écumé toutes les études disponibles sur plus de 20 ans. L'évaluation, qui concernait près de 1 200 souches homéopathiques, a rassemblé plus de 1 000 publications scientifiques. Un travail « colossal », selon Mathilde Grande, cheffe de service d'évaluation des médicaments, à comparer avec l'inclusion d'une à cinq études pour l'évaluation d'un médicament, voire d'une cinquantaine quand plusieurs médicaments d'une même classe sont concernés. La commission de la transparence a également pris en compte les contributions de 29 parties prenantes et les dossiers des trois laboratoires concernés. Au final, elle a identifié les données scientifiques pour 24 affections et symptômes allant de la candidose vaginale aux soins de support en oncologie, sans trouver de preuve suffisante justifiant un remboursement. « Soit les études ne démontraient pas l'intérêt de l'homéopathie versus placebo, soit elles auraient pu suggérer un intérêt de l'homéopathie, mais n'étaient pas assez fiables car présentaient des biais trop importants », ajoute Mathilde Grande.
Le président de la Commission de transparence de la HAS, Pr Christian Thuilliez, a insisté sur le fait que cet avis scientifique se prononçait sur le bien-fondé du remboursement des médicaments homéopathiques, et non sur la pratique médicale. En cas de déremboursement, les utilisateurs auront toujours accès à leurs produits. D'autant que, selon Mathilde Grande, les plus vendus ne sont pas remboursés et n'ont donc pas fait partie de l'évaluation de la HAS. De son côté, la présidente du collège de la HAS, Dominique Le Guludec, rappelle que « le recours à l'homéopathie ne doit en aucun cas retarder la prescription de soins nécessaires lorsqu'ils s'imposent, surtout pour les maladies sévères et évolutives ».
Reste à savoir si la ministre de la Santé suivra l'avis de la HAS, comme elle l'a indiqué à plusieurs reprises. De mémoire de HAS, les avis de la commission de transparence ont toujours été suivis même si cela n'a pas toujours été de façon immédiate.
Dans l'attente de cette décision politique, les partisans de l'homéopathie, et en premier lieu les Laboratoires Boiron, ont demandé ce matin un « moratoire pour utiliser les données nationales de santé pour évaluer l'intérêt de santé publique » des traitements homéopathiques et l'ouverture d'un « débat parlementaire suivi d'un débat public ». La directrice générale de Boiron, Valérie Lorentz-Poinsot, a demandé au gouvernement le maintien du remboursement pour des raisons de santé publique.
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