« BÉARNAIS cap e tout ! » (Béarnais des pieds à la tête). La formule définit à merveille Denis Bensilhé, pharmacien à Denguin, petit village situé au cœur du Béarn. Fils d’agriculteurs, il choisit la pharmacie par hasard : « Je n’avais pas de bons bulletins et ne savais que faire. La matière qui me déplaisait le moins étant la biologie, un médecin m’a suggéré la pharmacie. Je n’avais jamais mis les pieds dans une officine et ne savais même pas qu’il y avait un concours ! » Denis Bensilhé le réussit pourtant et doit s’arracher à son Béarn pour rejoindre l’université de Bordeaux : « Pour moi, c’était le bout du monde ! », confie-t-il.
Au fil des ans, l’amour du métier lui vient, grâce au contact avec la clientèle qu’il découvre lors d’un stage dans une pharmacie d’Oloron-Sainte-Marie. Diplôme en poche, il restera dix ans dans cette officine, comme assistant.
Mais Denis Bensilhé nourrit le rêve d’avoir sa propre officine, pour… revenir dans sa région natale, près de Monein. Il rachète d’abord une petite officine à Saint-Pé-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) puis, trois ans plus tard, celle de Denguin qui compte aujourd’hui cinq employés et se partage une clientèle à la fois rurale et urbaine ; la banlieue paloise se rapprochant sans cesse. On le voit, la culture béarnaise est au cœur des choix de vie de ce pharmacien chaleureux et discret à la fois. « Une culture moins revendiquée que celle des Basques, des Corses ou des Bretons, mais bien vivante », souligne-t-il.
Du rugby à la scène.
Une culture dans laquelle il est tombé depuis l’enfance, avec le rugby et ses troisièmes mi-temps ponctuées de chansons gaillardes ou festives, issues du répertoire traditionnel ou des groupes béarnais d’aujourd’hui.
« Pour nos trente ans, avec plusieurs copains du rugby, nous avons voulu faire un concert pour le club, explique Denis Bensilhé. Nous avons pris beaucoup de plaisir et avons décidé de continuer. » Le groupe Lambrusquera* était né. Composé de sept amis d’enfance qui chantent a cappella des airs polyphoniques béarnais et pyrénéens, le groupe se produit au rythme d’une douzaine de concerts par an, dans des fêtes et des festivals.
« Nous ne sommes pas les meilleurs techniciens, mais nous donnons beaucoup de nous-mêmes, indique Denis Bensilhé. Nos répétitions ont lieu dans le chai d’un des vignerons du groupe. Un lieu à l’image de notre chant très convivial et de notre nom : la lambrusquera est une grive qui picore les raisins dans les vignes. » Peu à peu, le groupe étoffe son répertoire : chants provençaux, piémontais…
La langue du pays.
Parallèlement, notre pharmacien chantant s’implique dans le combat pour la langue béarnaise (branche de l’occitan), plaçant ses deux enfants dans une calandreta (école bilingue) et s’investissant dans ce mouvement.
Denis Bensilhé partage ainsi sa vie entre son officine, son groupe musical, la petite vigne (Jurançon) qu’il vient d’hériter de son père, les écoles calandreta et sa famille. Sans oublier la pelote basque avec un groupe d’amis pharmaciens ou la partie foot du dimanche matin… « La grasse matinée, pour moi, c’est un gros mot ! », plaisante-t-il.
Une belle vie qu’il s’est construite au cœur de son terroir, entouré d’amis de toujours, et de clients auxquels il dispense conseils et, parfois, quelques mots en béarnais… Mais cet ancrage culturel ne signifie pas immobilisme. À 39 ans, Denis Bensilhé fourmille de projets : transfert de son officine dans un petit centre commercial communal ; sortie imminente du tout premier disque de Lambrusquera ; et pour les 10 ans du groupe en 2015, une grande tournée, peut-être à l’étranger… De quoi porter encore plus loin, le bonheur d’être béarnais.
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