Humeur

Démocratie directe

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Publié le 22/11/2018
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Vu à la télévision. Une voiture s'arrête devant un barrage construit par des gilets jaunes. Une « gilette » s'avance vers le conducteur. « Est-ce que tu soutiens notre cause ? » Après un instant d'hésitation, l'homme bafouille un « oui » à peine audible. « Si tu ne la soutiens pas, tu ne passes pas. Si tu la soutiens, tu passes ». Sans trop d'enthousiasme, le chauffeur prononce quelques borborygmes. Enhardie par la soumission de son interlocuteur, la dame agite un drapeau bleu-blanc-rouge qui lui sert de feu tricolore. L'homme n'ose pas avancer. « Ta position n'est pas claire, lui dit-elle. Et d'ailleurs pourquoi n'as-tu pas mis ton gilet ? Tu en as un, au moins, de gilet ? Oui ? Non ? ». L'homme devient complètement muet, fait des moulinets qui lui servent de parole. « Bon, tu n'en as pas, tu es en contravention ». Le malheureux n'a pas su lui dire qu'étant son égal, muni des mêmes droits, rien ne l'obligeait à épouser l'idéologie incertaine des gilets jaunes, pas plus qu'elle n'avait d'ordres à lui donner, pas plus qu'elle ne pouvait mettre des conditions à la libre circulation des personnes et des biens, pas plus qu'elle ne pouvait porter atteinte à ses libertés, pas plus qu'elle ne pouvait inventer de nouveaux droits et devoirs. Mais bon, le gilet, c'est l'arbitraire. 

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3475