UNE FOIS N’EST PAS COUTUME, les trois syndicats de pharmaciens et l’Ordre se sont exprimés d’une seule voix sur la collecte des DASRI en rappelant que la seule obligation du pharmacien était de distribuer gratuitement à ses patients en autotraitement des boîtes à aiguilles (BAA), « ce qu’ils font depuis plusieurs années », remarque Gilles Bonnefond, président de l’Union syndicale des pharmaciens d’officine (USPO). Le problème des DASTRI survient lorsque le patient doit déposer sa boîte pleine. Autrement dit, qui stocke, combien de temps et de quelle façon ? Qui collecte les boîtes stockées et au bout de combien de temps ? « Le cahier des charges, négocié il y a un an et demi, indique bien que le réseau pharmaceutique pourrait être sollicité dans des secteurs où on ne peut s’appuyer sur d’autres point de collecte, et que, dans ce cas, tous les pharmaciens de ce secteur peuvent être point de collecte s’ils sont volontaires. DASTRI a été choisi pour mettre en place ce cahier des charges et il doit le respecter s’il veut garder son agrément », continue Gilles Bonnefond. Selon les syndicats, le cahier des charges prévoyait de privilégier les points de dépose existants, sachant que les ARS en recensent 5 700 (dont plus de 4 000 pharmacies), « ce qui satisfait 94 % du territoire », précise Christophe Kopersky, président de la commission exercice professionnel de la FSPF. Or l’objectif est d’avoir un réseau d’au moins 5 000 points à terme.
Ni manipuler, ni transporter.
Aujourd’hui, DASTRI serait enclin à se tourner davantage vers les pharmacies. La profession n’a rien contre l’idée de collecter les BAA, mais certaines conditions doivent être remplies. Tous les pharmaciens doivent pouvoir être point de dépose, sur la base du volontariat, et devront donc bénéficier d’un système de ramassage mis en place par DASTRI. « En aucun cas, l’éco-organisme ne peut exclure des pharmaciens volontaires sous prétexte, par exemple, qu’il y a suffisamment de points de collecte. Quant au pharmacien, il ne doit ni manipuler, ni transporter ces déchets. Le ramassage doit être assuré par DASTRI, c’est tout de même pour cette raison qu’il a vu le jour », insiste le président de l’USPO. Les syndicats s’inquiètent de l’offre que développe DASTRI depuis cet été, à savoir des points de collecte (PDC) qui devront répondre aux normes de tout collecteur de plus de 15 kg, proposés aux pharmacies qui se sont déclarées point de dépose à leur ARS avant le 31 décembre 2012 ; et des points d’apport volontaire (PAV) à l’ensemble des officines sur le territoire, qui eux ne bénéficieraient pas d’un service de ramassage, et devraient donc se charger du transport des BAA jusqu’au point de collecte du secteur. « Non seulement il n’est pas envisageable qu’un pharmacien ou tout personnel de l’équipe se charge du transport avec sa voiture personnelle – on parle quand même de déchet de soin à risque infectieux ! – mais il ne faut pas non plus qu’une pharmacie PDC centralise la collecte de tous les confrères du secteur. D’abord parce que pour être PDC, les contraintes réglementaires demandent un investissement important entièrement à la charge de la pharmacie et que l’éco-organisme peut tout à fait exclure le confrère des points de collecte quand il le souhaite et selon ses propres critères. Ensuite parce que la pharmacie n’est pas une déchetterie ! »
Santé publique.
Dans l’hypothèse où les pharmacies deviendraient les points de dépose des DASRI, sous réserve que les conditions édictées par la profession soient bien respectées, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et les syndicats exigent qu’un contrat soit passé entre l’éco-organisme et les officinaux volontaires et visé par le CNOP. Par ailleurs, Christophe Kopersky le rappelle : « les pharmaciens ne sont pas payés pour ce service et ne le demandent pas. » Le but poursuivi est en faveur de la santé publique, c’est pourquoi les pharmaciens sont prêts à rendre ce service aux patients concernés et ainsi contribuer à la disparition des aiguilles dans les déchets ménagers.
La profession attend maintenant la réunion organisée par le ministère de l’Écologie, en présence de DASTRI et des représentants des pharmaciens, jeudi prochain. Pierre Gavid, membre du CNOP, indique : « Nous souhaitons simplement que la collecte des DASRI se fasse dans les meilleures conditions possibles ». Mais la conférence de presse surprise de la profession a fâché l’éco-organisme. C’est pourquoi DASTRI a annulé son propre point presse quelques heures avant sa tenue prévue jeudi dernier. Il est reporté sine die.
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