APRÈS des mois de discussions parfois houleuses entre les acteurs du dossier, la collecte des déchets de soins à risques infectieux (DASRI) produits par les patients en auto-traitement vient enfin de démarrer officiellement. Le 11 avril, l’éco-organisme DASTRI, agréé par l’État pour gérer la collecte, a envoyé un courrier à tous les pharmaciens engagés dans le dispositif pour les informer sur la mise en place de la filière. Certains officinaux faisaient déjà partie d’un dispositif de collecte, tandis que d’autres viennent seulement de rejoindre le réseau. C’est le cas de Benoît Richard, titulaire à Tronville-en-Barrois. « J’ai reçu un mail de la part de DASTRI il y a trois semaines. Avant, je fournissais les boîtes jaunes aux patients, mais je ne faisais pas le ramassage. Et pour l’instant, je n’ai pas encore reçu de cartons », explique-t-il. Pour lui, cette collecte « fait partie du circuit du médicament, au même titre que Cyclamed ». Il trouve donc « normal » que les pharmaciens y participent. De son côté, Christophe Lepage, titulaire à Carquefou, était déjà engagé précédemment dans le dispositif. « Ma pharmacie était point de collecte pour les DASRI depuis plusieurs années », explique-t-il. Les patients sont habitués à venir déposer leurs boîtes de déchets piquants et coupants à son officine, qu’ils soient ou non clients, et les déchets s’amoncellent vite. « La société d’enlèvement est déjà passée deux fois depuis le début de l’année, et ils nous enlèvent à chaque fois quatre cartons. Actuellement, nous en avons déjà trois qui sont pleins », déclare Christophe Lepage. Pour lui, le nouveau système est tout à fait satisfaisant. « Les commandes de boîtes se passent bien, on a des réponses rapidement. De plus, ce nouveau dispositif est plus intéressant car, auparavant, nous devions payer nous-mêmes la société qui venait enlever les déchets, et cela nous coûtait entre 50 et 60 euros, quatre fois par an. Désormais c’est DASTRI qui le finance. »
L’organisme a en effet été créé pour gérer la collecte des DASRI, avec un financement provenant des fabricants eux-mêmes (voir encadré). Initialement, DASTRI devait mettre en place un minimum de 5 000 points de collecte sur tout le territoire. Mais finalement, l’organisme a décidé d’aller au-delà de ses obligations et a retenu près de 12 000 points de collecte, dont plus de 11 000 pharmacies. « Nous avons d’abord intégré les officines qui étaient déjà points de collecte, ce qui nous a permis de constituer un réseau d’environ 5 000 sites en janvier 2014. Puis, selon le principe dit « d’extension automatique », les pharmacies volontaires présentes sur les cantons des premières retenues ont également été acceptées. Le réseau a été stabilisé dans sa configuration actuelle lors de la dernière commission d’agrément, le 10 avril », explique Laurence Bouret, déléguée générale de DASTRI. « Nous avons déjà réussi à couvrir plus de 99 % du territoire. Les zones restantes sont situées dans des territoires ne nécessitant pas forcément de point de collecte ». À l’heure actuelle, tous les points de collecte sont géolocalisés sur le site de DASTRI et sont donc opérationnels. « Une fois intégrés, les points de collecte sont invités à nous envoyer une fiche, afin de nous préciser s’ils ont ou non des déchets chez eux, détaille Laurence Bouret. Nous transmettons les renseignements à l’opérateur de collecte, afin qu’il prenne contact avec le pharmacien. Ce dernier organise un passage « à blanc », pour déposer les caisses et les fûts destinés à contenir les boîtes à aiguilles pleines apportées par les patients. Il en profite également pour enlever les DASRI si la pharmacie les collectait déjà avant d’intégrer le réseau. Nous avons eu le cas d’une pharmacie qui avait stocké jusqu’à 200 kg de DASRI dans un sous-sol, même si cela reste très exceptionnel ». Après récupération, les DASRI peuvent être incinérés avec les déchets ménagers, selon des procédures particulières : le four doit atteindre une certaine température et il ne doit pas y avoir plus de 10 % de DASRI incinérés avec les déchets ménagers. Ou alors, un prétraitement par désinfection peut être opéré dans certains cas. « La boîte et son contenu sont broyés avant d’être chauffés à une température suffisante pour éliminer tout ce qui pourrait présenter un risque infectieux, explique Laurence Bouret. Ensuite, quand le broyat ne présente plus de danger, il peut être incinéré avec des déchets non dangereux. Dans les départements d’outre-mer, il part en « installation de stockage de déchets ultimes. Il n’existe en effet qu’une seule usine de valorisation énergétique habilitée à recevoir les DASRI, qui se trouve en Martinique ».
Actuellement, DASTRI cherche à compléter la couverture du territoire. « Tout devrait être achevé au mois de juin. Nous étudierons le bon fonctionnement de ce dispositif dès mars 2015, notamment avec les représentants de pharmaciens. » DASTRI a par ailleurs commencé à communiquer en direction des patients. « Nous comptons notamment sur l’engagement des officinaux pour faire passer le message. Tous les pharmaciens doivent donner des boîtes, même si tous ne sont pas point de collecte. À chaque boîte distribuée, ils doivent également remettre une carte mémo au patient. Outre le réseau officinal, nous avons aussi approvisionné les associations de patients en outils de communication. Il nous faut désormais travailler avec d’autres acteurs relais tels que les professionnels de santé et les collectivités. Nous comptons sur la mobilisation de tous pour faire fonctionner le dispositif au bénéfice des patients », conclut Laurence Bouret.
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