Empathie

Dans la peau du malade

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Publié le 04/12/2017

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« Je me mets à votre place et je comprends très bien ce que vous vivez… »

Combien de fois avez-vous prononcé cette phrase à un patient à bout ? Vous ne comptez plus ? À la pharmacie, l'empathie participe, de fait, bien souvent aux dialogues de comptoir. « Se mettre à la place du patient » reste pourtant une vue de l'esprit, une projection intellectuelle censée témoigner la compréhension du mal pour mieux le prendre en charge. Le Pr Hébuterne, chef du service de gastro-entérologie du CHU de Nice, lui, fait mieux. Il se met véritablement dans la peau du malade… ou presque. Durant 48 heures, ainsi que 25 autres professionnels de son service, il a vécu au rythme d'un patient atteint d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI). Grâce à une application bien nommée « In their shoes » (dans leurs chaussures), développée grâce à l'aide de patients experts, les malades volontaires ont été soumis au feu incessant des alertes électroniques et autres SMS. « En pleine réunion, j'ai reçu des messages me disant que j'avais 10 minutes pour aller aux toilettes », « j'ai été réveillé deux fois en pleine nuit pour les mêmes raisons, et j'ai dû me lever une heure plus tôt le matin pour pratiquer mes soins », raconte ainsi au « Parisien » le Pr Hébuterne qui a dû aussi mettre fin à sa journée de travail, pourtant inachevée, parce qu'un message lui indiquait qu'il était trop fatigué pour la poursuivre. Plus pénible encore, le malade imaginaire a été contraint de porter une couche, comme le font les véritables patients en crise, pour assurer sa tranquillité. « Ça tient horriblement chaud et c'est inconfortable », confie-t-il.

L’expérience « In their shoes » permet aux professionnels de santé de connaître les symptômes d'une façon plus concrète et moins théorique, mais aussi de les gérer plus tôt, résume le Pr Hébuterne. « L'empathie fait partie du traitement », souligne-t-il enfin.

Didier Doukhan