LES OFFICINES françaises sont en panne de croissance : avec un chiffre d’affaires moyen hors taxes qui progresse, en moyenne, de 1,29 % seulement en 2010, le ralentissement de l’activité constaté en 2009 et 2008 se confirme. Pire : l’an dernier, 40 % des officines ont connu une baisse de leur chiffre d’affaires, selon l’enquête statistique que vient de publier Fiducial (1).
Comme le remarque Philippe Becker, Directeur du département Pharmacie chez Fiducial et responsable de cette étude, cette évolution moyenne de l’activité masque toutefois des disparités importantes : « Par exemple, les officines de taille importante, qui sont souvent exploitées en association ou situées dans les centres commerciaux, ont un chiffre d’affaires qui progresse plus que les autres. Inversement, les officines rurales semblent les plus touchées par la stagnation de l’activité puisque leur chiffre d’affaires progresse très faiblement, de 1,06 % en moyenne. Cette tendance illustre la problématique de la désertification médicale, qui touche de plein fouet ce type de pharmacies », ajoute Philippe Becker.
Du côté de la marge commerciale, on peut observer en revanche, pour 2010, une inversion de tendance déjà amorcée en 2009. La marge commerciale après remises progresse ainsi légèrement, et s’établit en moyenne à 27,87 % en 2010, contre 27,50 % en 2009. Il faut toutefois relativiser ce « bon » résultat car cette progression en pourcentage est faible et elle s’applique sur un volume de ventes qui n’augmente quasiment plus. « Il faut trouver l’explication de ce phénomène dans l’amélioration des conditions commerciales liées à la dispensation des médicaments génériques, dont le répertoire s’étend chaque année. Ce constat est d’ailleurs corroboré par le fort accroissement en valeur absolue de la coopération commerciale en 2010, qui a eu un impact significatif sur la rentabilité des officines », explique Philippe Becker.
Des conditions favorables.
Autre ratio étudié : l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui sert à mesurer la rentabilité des officines. Avec une moyenne qui s’élève, en 2010, à 11,38 % (soit une progression de 0,49 % par rapport à l’année précédente), l’année a donc plutôt été bonne sur le plan de la rentabilité. Mais il faut, là aussi, relativiser ce bon chiffre, car les pharmaciens ont bénéficié l’année dernière de plusieurs facteurs positifs : avantages commerciaux sur les génériques, remplacement de la taxe professionnelle par la contribution économique territoriale, notamment. Or, ces conditions favorables ne devraient pas se reproduire en 2011.
En outre, on peut également s’inquiéter d’un nombre important d’officines qui ont un EBE inférieur à 8 % de leur chiffre d’affaires hors taxes. Elles représentent en effet 28 % de la population étudiée. Il n’est donc pas surprenant que le nombre de dépôt de bilan augmente, car il y a une nette cassure entre les prix payés pour acquérir les fonds et les perspectives de rentabilité.
Si l’on ajoute à ces grands indicateurs celui des charges fixes, qui continuent d’augmenter, on constate que la situation de trésorerie des officines ne s’est pas améliorée, dans l’ensemble, en 2010. 40 % des officines ont ainsi un découvert de trésorerie d’un montant moyen de 6 692 euros. 8 % ont même un découvert supérieur, en fin d’exercice, à 30 500 euros. Ramenées à la population globale, ce sont donc 1 800 officines qui sont dans une situation critique en matière de trésorerie.
Au total, même si, comme les années précédentes, les pharmacies en association et en centres commerciaux réalisent de meilleures performances (voir encadré), cette étude de Fiducial montre que l’horizon des pharmacies françaises reste globalement fragilisé par la stagnation de l’activité. « Certes, on peut noter en 2010 une légère amélioration de la marge et de la rentabilité, mais les officines semblent manquer de solutions face à la baisse des volumes et du prix des médicaments. La stagnation de l’activité est la première raison des difficultés financières de nombreuses pharmacies. Les chiffres sont têtus et malgré quelques tendances positives, les problèmes vont perdurer, surtout pour les pharmacies les plus fragiles », conclut Philippe Becker.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion