LE MARCHÉ des produits cicatrisants à l’officine est à lui seul une célébration de la cicatrisation en milieu humide. La quasi-totalité des formules qui le composent - y compris bon nombre de pansements dans un autre champ du soin - sont en effet basées sur ce principe. Le maintien de la peau en milieu humide est un paramètre fondamental pour limiter les risques cicatriciels. Ces conditions préservent l’exsudat, le fluide de la plaie, qui va agir par l’intermédiaire des substances qu’il contient. Celles-ci permettent la migration et la prolifération des cellules réparatrices des tissus, et favorisent donc la cicatrisation. Un processus bien défini dans le temps et qui comprend trois étapes : une phase vasculaire et inflammatoire, une phase de reconstruction dermique et épidermique, une phase de maturation et de finition qui correspond au remodelage tissulaire.
Les crèmes, les pommades et les gels protecteurs qui composent le marché, répondent à différents statuts, AMM pour près de 40 % d’entre eux, produits dermocosmétiques et dispositifs médicaux pour le reste. Si leur mode d’action les rassemble, leurs positionnements, en revanche, divergent. Ce qui n’a rien d’étonnant si l’on considère la variété des altérations qui peuvent atteindre la peau. Certaines d’entre elles ne touchent que l’épiderme, qu’elles soient d’origine naturelle - inflammation de la peau, irritation, abrasion superficielle - ou consécutives à un acte médical ou esthétique - électrocoagulation, peeling, laser. D’autres lésions, plus profondes, atteignent le derme, qu’il s’agisse des petites plaies du quotidien - griffure, coupure, écorchure - ou des conséquences d’actes de chirurgie dermatologique - exérèse, suture, cryothérapie superficielle, curetage…
Certaines marques vouent à ces différentes indications des produits distincts, sans omettre de pointer du doigt la promesse esthétique qu’ils renferment. La gamme Cicalfate (Crème réparatrice, Lotion asséchante) d’Avène a ainsi accueilli en 2012 une émulsion réparatrice, Post-Acte, formulée sur mesure pour répondre aux irritations, aux rougeurs et aux échauffements de la peau engendrés par les gestes de chirurgie esthétique et les actes dermatologiques superficiels. Intégrant le complexe antibactérien cuivre-zinc - mis au point par le chirurgien des armées de Louis XIV, Jacques Dalibour - aux côtés d’un actif réparateur et de l’eau thermale d’Avène, l’émulsion entend favoriser la réparation épidermique, stimuler la prolifération des kératinocytes et des fibroblastes et protéger le tissu nouvellement formé.
Tendance et familial.
L’aspect esthétique est également développé par Urgo dans sa jeune ligne Cicatrices lancée l’année passée. Elle abrite deux références dont la composition inclut des filtres solaires. L’une, sous forme de crème à base d’acide hyaluronique, se destine aux altérations cutanées au niveau de l’épiderme (abrasions superficielles, peeling, laser…). L’autre, dispositif médical conçu pour les plaies plus profondes qui touchent le derme, revendique une action protectrice dès la suture grâce à sa texture Filmogel qui forme au contact de l’air un film transparent résistant à l’eau et isolant des bactéries et des frottements. Cicactive PI (Uriage), pour sa part, s’est clairement positionné au sein d’une gamme conçue pour accompagner les protocoles de soins en médecine esthétique, et ce dès son lancement, en 2011. Il se destine à favoriser une restauration épidermique de qualité après des interventions telles que laser, peeling, microchirurgie. Un gel hydrocolloïde Cicactive visant la cicatrisation des écorchures, des coupures et des gerçures, vient le seconder.
Le recours croissant aux actes de dermatologie esthétique suffit-il à expliquer la multiplication des soins qui leur sont, en partie, dédiés, ainsi que le dynamisme dont ces derniers font preuve, avec des progressions avoisinant les 10 % pour les seuls cicatrisants dermocosmétiques ? La tendance participe sûrement au succès de ces crèmes, mais pas seulement. La prescription y est aussi pour beaucoup, nombre de gestes esthétiques peu invasifs (lasers, peelings) étant de plus en plus pratiqués chez le dermatologue. Leur forme galénique joue également un grand rôle, les crèmes cicatrisantes étant particulièrement bien adaptées à des lésions qui peuvent être étendues - souvent situées sur le visage, mais pas seulement (érythème fessier). En outre, le soulagement qu’elles procurent répond bien à des altérations cutanées qu’il est nécessaire de juguler rapidement, et leur phase grasse limite la possibilité de prolifération des micro-organismes. Enfin, les multiples irritations de la peau (dartres, gerçures…) qu’elles se proposent également de traiter, complète le profil avantageux de ces formules réparatrices qui peuvent être utilisées par toute la famille. Une dualité que la crème Epithéliale AH d’A-Derma illustre parfaitement, jouant sur les deux tableaux du soin, les petites plaies du quotidien et les lésions consécutives à un acte dermatologique. Ses revendications s’expriment en termes de rapidité et d’esthétisme, grâce à son association d’acide hyaluronique et d’avoine Rhealba aux pouvoirs cicatrisant, hydratant et apaisant, effective sur la peau et les muqueuses. Quant à Cicaplast (La Roche-Posay), il s’est de longue date présenté comme un réparateur épidermique à effet pansement voué à accélérer la restauration cutanée après une intervention dermatologique. En 2011, il s’est adjoint les services d’un baume apaisant, Cicaplast B5 (5 % de panthénol), plus ciblé sur les peaux irritées, agressées et échauffées. Sur le même segment, on trouve aussi Ialugen Cicatrisation (Laboratoires Genévrier).
Dynamique marché.
L’impulsion induite par les lancements ces dernières années n’a pas faibli puisque le rayon des produits cicatrisants a récemment accueilli deux nouveautés : une pommade Cicabio (Bioderma), qui vient élargir une gamme composée d’une lotion et d’une crème. Chaque référence a son propre champ d’action. La lotion au pouvoir asséchant est destinée à traiter les agressions cutanées pouvant induire la macération (ampoules, cordon ombilical) ; la crème hydratante et semi-occlusive se destine aux lésions mineures (rougeurs, échauffements), alors que la pommade répond aux atteintes cutanées majeures (gerçures, dartres), avec les propriétés nourrissantes et occlusives que lui confère sa texture « active » (composants hydratants, vaseline, triglycérides). Autre découverte, celle orchestrée par Oméga-Pharma qui présente sa Bi-Oil, une huile aux multiples applications (vergetures, teint irrégulier, peaux desséchées, vieillissement cutané) et notamment les cicatrices dont elle se propose d’améliorer l’apparence. Sa formule repose sur une combinaison d’extraits de plantes et de vitamines dans une base huileuse à la texture non grasse.
La régularité des lancements qui caractérise le segment dermocosmétique des cicatrisants insuffle une dynamique au marché entier, entraînant dans son élan les formules du secteur OTC que l’ancienneté et la notoriété servent largement par ailleurs. Avec des revendications plus larges en matière de réparation cutanée, ces références sont connues sous les noms de Biafine (Johnson & Johnson), notamment utilisé en cas de brûlures, Mitosyl (Sanofi Aventis) et Bépanthen Cica (Bayer Santé Familiale), indiqués pour traiter les irritations de la peau, mais aussi Homéoplasmine (irritation de la peau et des muqueuses) et Cicaderma (plaies, brûlures superficielles, piqûres) de Boiron, et Cicatryl de Pierre Fabre Santé (blessures, coupures, brûlures superficielles)…
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