IL FAUDRA encore attendre. Xavier Bertrand l’a réaffirmé à Pharmagora, les mesures en faveur de l’économie de l’officine figureront dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et n’entreront donc pas en vigueur avant 2012. Le ballon d’oxygène immédiat réclamé par la profession ne semble donc pas être au programme du gouvernement des prochaines semaines. Le temps commence à devenir long puisque le débat sur la rémunération a été engagé l’an passé par Roselyne Bachelot. Mais, douze mois plus tard, force est de constater que les officinaux n’ont toujours rien vu de concret. « Il n’y a eu aucune avancée en un an au niveau de l’économie de l’officine », regrette ainsi Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Une trésorerie sur deux dans le rouge.
Pendant ce temps, les indicateurs restent dans le rouge. Au 31 décembre 2010, près d’une officine sur deux (49 %) présente un solde de trésorerie négatif, selon le dernier baromètre réalisé par Celtipharm pour la FSPF, réalisé auprès de 6 400 pharmaciens. En 2007, elles étaient 20 %. « Cette année a été marquée par des licenciements et des pertes d’emploi à hauteur de 8 000 équivalents temps plein », souligne Philippe Besset. Selon l’enquête Celtipharm, 13 % des titulaires ont été contraints de licencier en 2010 et 40 % ont reporté les embauches dans leur entreprise ; 31 % ont, quant à eux, été amenés à geler les salaires de leurs collaborateurs. Et près de 6 pharmaciens sur 10 ont même réduit leurs prélèvements. Résultat, 45 % des titulaires ont aujourd’hui un revenu annuel inférieur à celui d’un pharmacien gérant (coefficient 800), c’est-à-dire en dessous de 50 000 euros net.
De leur côté, les experts comptables ne semblent pas pour autant trop inquiets par la situation actuelle. « Il faut arrêter le fatalisme et la sinistrose, l’officine conserve un bel avenir compte tenu, notamment, du vieillissement de la population », estime-t-on ainsi du côté du réseau CGP. « La pharmacie reposait sur un modèle économique qui a bien marché mais qui, aujourd’hui, ne fonctionne plus, relève pour sa part Philippe Becker, de Fiducial. Il faut le revoir. » Mais il prévient : « Il n’y a pas qu’une seule cause à la situation actuelle et il n’y aura pas qu’une solution pour y remédier. Cela risque d’être compliqué et long. »
Marges de manœuvres.
L’une des pistes pour sortir la pharmacie de la crise est de revoir le système actuel de la marge qui n’est plus adapté aux réalités du marché du médicament remboursable. Le ministre de la Santé s’en dit conscient et envisage ainsi de rendre les revenus des titulaires moins dépendants de la vente de spécialités, tout en y ajoutant, en complément, une part de rémunération liée à la réalisation de nouveaux services. Mais attention, a-t-il d’ores et déjà prévenu, pas question que cela engendre de surcoût pour l’assurance-maladie. Qu’à cela ne tienne, Philippe Besset pense que la rémunération des officinaux peut quand même augmenter. Comment ? Tout simplement en jouant sur les curseurs à l’intérieur de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM), fixé chaque année par les parlementaires. En clair, explique le président de la commission Économie de la FSPF, la part de l’officine dans l’ONDAM doit revenir à la situation d’avant 2005, où elle se situait à 3,2 %, alors que, ces dernières années, elle avait été abaissée à 3 %.
Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), défend toujours pour sa part la nécessité d’un ballon d’oxygène en urgence. « La première étape consiste à réinjecter rapidement 200 à 300 millions d’euros dans le réseau, sinon des pharmacies vont mourir », explique-t-il. Ensuite, « il faut travailler sur le fond, c’est-à-dire sur une rémunération mixte », alliant marge commerciale et honoraire ou indemnisation de prestations de services, comme le proposait le rapport Rioli. Frédéric Laurent, nouveau président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), insiste lui aussi sur la nécessité de préserver une part de marge commerciale dans la rémunération. « Cette marge est le socle de l’équilibre de la pharmacie, martèle-t-il. Ce mode de rémunération est le seul qui permette de maintenir l’intégrité du réseau et de l’équipe officinale. » Xavier Bertrand semble partager cet avis. À Pharmagora, le ministre de la Santé a bien précisé que, à ses yeux, les nouveaux services ne devront représenter qu’une rémunération complémentaire aux revenus liés à la marge commerciale. « Ce sera en plus, et non à la place », a-t-il déclaré. Reste maintenant à attendre les conclusions du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), prévues pour la fin du mois, pour savoir exactement quel visage les pouvoirs publics souhaitent donner au modèle économique du réseau pour les prochaines années.
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