ÇA FAISAIT un petit moment que je n'étais plus allée à un congrès organisé par un labo, c'était avant l'été dernier, pour un compte rendu, juste après l'ASCO 2008 de Chicago. Franchement ? Petit un, je préfère éviter ce genre de meeting, désormais, je ne suis plus très fan des petits fours et des stylos gratuits. Petit deux, j'ai beau être enthousiaste quand il s'agit d'apprendre quelque chose sur presque n'importe quel sujet (et d'une intelligence, disons, moyenne), je n'ai pratiquement rien capté aux discours des orateurs qui manipulaient marqueurs tumoraux, acronymes de protocoles thérapeutiques et molécules en étude de phase III comme s'ils vous parlaient de la victoire du Stade Toulousain, du premier match de Dan Carter à Perpignan ou du palmarès de Marc Lièvremont… Si on ne connaît pas, on ne comprend rien.
Mais là, quand même, je ne pouvais pas refuser : c'était un de mes jours de congés, ça se passait dans le grand hôtel de la station balnéaire où je vis (j'y suis allée à pied, ça m'a pris dix minutes, mais on pouvait éventuellement se faire rembourser le billet d'avion…), et le sujet pouvait se révéler fascinant : sécurisation du circuit du médicament à l'hôpital. C'était effectivement captivant, avec des intervenants passionnés et enthousiastes, avec plein d'aspects juridiques, de méthodes pour éviter les erreurs évitables, et des expériences de terrain impressionnantes, comme celle de cette PUI qui s'est dotée d'un système entièrement automatique pour honorer les prescriptions journalières d'un centre de détention (notre reconditionneuse toute neuve, à côté, c'est des clopinettes).
Ma gentille chef, ça l'intéressait aussi. Même qu'elle était venue à la journée précédente (pas moi, j'étais au labo) assister aux conférences sur les médicaments dérivés du plasma, très technique. Elle avait dû rencontrer en chemin un pas gentil virus (qui, plus tard, s'est invité pas gentiment chez moi), car dans la soirée elle avait commencé à souffrir d'un violent mal de gorge qui l'avait tourmentée toute la nuit. Vous auriez vu sa tête ce matin-là, vous lui auriez ordonné de retourner se coucher immédiatement. Mais non, très pro, des cernes violets sous les yeux, pâle, genre Morticia, la mère au teint blafard de la famille Addams, elle a assisté bravement à tous les discours. C'est à l'inévitable pause-café qu'elle m'a expliqué comment elle se soignait.
Dans la nuit, elle avait pris, je cite dans le désordre, de l'aspirine, de l'ibuprofène, du paracétamol, du Bi-Profenid, et un sachet d'amoxicilline/acide clavulanique un gramme. Je ne suis pas certaine, mais il me semble que je suis en train d'oublier un Nifluril quelque part. Résultat, elle était toujours aussi mal en point, elle avait mal à l'estomac, elle se demandait comment elle allait finir son traitement antibiotique, vu qu'il ne lui restait que deux sachets à la maison, mais son appétit était intact, elle a dévoré quelques mini-brioches au raisin sans broncher, en attendant que deux gros comprimés effervescents fondent dans son verre (je n'ai pas osé m'informer de leur nature exacte…).
Ouéé, c'est vrai, le cordonnier est mal chaussé, le pharmacien est mal soigné, tout ça… Mais quand même, je vais peut-être lui suggérer de me montrer son diplôme, un de ces jours.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion