Le triomphe du Front ne peut pas être relativisé ou ignoré. Il sanctionne un exécutif qui, depuis deux ans, s’est montré incapable de redresser la situation économique du pays, s’est constamment justifié par l’héritage qu’a laissé Nicolas Sarkozy, s’est cru obligé de se lancer dans des réformes qui non seulement n’étaient pas prioritaires mais ont indigné le camp catholique ou conservateur. À cet égard, la responsabilité de la majorité dans l’ascension du Front égale au moins, si elle ne la dépasse pas, celle de la droite. La gauche réagit au danger posé par l’extrême droite d’une manière illogique : un scrutin indique que la droite, toutes tendances confondues, est majoritaire à plus de 60%, elle n’en veut pas moins imposer au président de la République une politique plus à gauche. La crise se complique du fait que les deux déroutes électorales de la gauche effacent l’aggiornamento mis en oeuvre par le président de la République. On a observé avec attention les mesures destinées à désendetter le pays et à le rendre plus compétitif, le choix de M. Valls pour piloter cette politique et, enfin, l’inversion d’au moins une courbe, celle des options désastreuses. Cet effort considérable de M. Hollande, qui a pratiquement changé tout le dispositif de l’Élysée, est maintenant occulté par le succès du FN.
Sarkozy est atteint lui aussi.
L’autre perspective était celle d’une droite capable de se soigner dans l’opposition, un peu comme les personnes affligées de rhumatismes vont à la cure thermale. Mais d’une part, la droite a été doublée au poteau par le Front ; et, d’autre part, son action est ternie par un scandale qui la prive de tout argument moral face à l’extrême droite et risque de lui envoyer de nouveaux bataillons d’électeurs. Jean-François Copé n’est pas seule victime immédiate de l’affaire Bygmalion, Nicolas Sarkozy la subit de plein fouet, même si, par extraordinaire, il ne savait rien de ce qui se tramait. Ce qu’on lit partout sur les sommes faramineuses qui ont été englouties ou non dans la campagne électorale de l’ancien président en 2012 donne le vertige. La question n’est pas de savoir s’il s’en remettra, comme il s’est remis du reste. La question porte sur la crédibilité qu’il aura quand la justice aura fait son oeuvre.
Toutes les conditions sont donc réunies pour que rien ne freine la marche du FN vers 2017. On en est là, et c’est évidemment déplorable. Les souffrances matérielles qu’endurent les Français ne justifient pas le choix qu’ils ont fait dimanche dernier et ceux qu’ils risquent de faire encore. On ne répétera jamais assez que les remèdes du FN achèveront le malade.
Cependant, la victoire du FN aux européennes a été favorisée par le mode de scrutin, par l’abstention et par la simplicité d’une consultation qui ne demande à un parti que d’aligner 74 candidats. Marine Le Pen pourrait-elle être présente au second tour de la présidentielle, et même en tête du premier tour si la droite ou la gauche sont incapables d’investir un homme fort ou une femme forte ? Le précédent des européennes ne permet d’imaginer une présidentielle et encore moins des élections législatives capables d’accorder 300 députés au Front national. Dimanche dernier, le Front a obtenu 25 % des 43 % des suffrages, c’est-à-dire en réalité 10 % du corps électoral. Il n’a pas de réserves, il est seul. Une présidentielle fait plus réfléchir qu’une européenne où personne n’a rien à perdre. La voie royale vers 2017 sera, pour Mme Le Pen, hérissée d’obstacles.
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