LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Y-a-t-il une date meilleure qu’une autre pour clôturer les comptes d’une officine ? Quelle est la marge de manœuvre laissée au pharmacien dans ce domaine ?
PHILIPPE BECKER.- Le choix de la date de clôture est libre lors du démarrage de l’activité ou de la création de la société. De ce fait, de nombreux pharmaciens ont tendance à choisir la fin de l’année civile. C’est à la fois un bon et un mauvais choix : c’est un bon choix car ils pourront reculer la date en arrière au fur et à mesure de leur carrière, mais c’est un mauvais choix car les cabinets comptables sont moins disponibles au cours du premier trimestre de l’année, et les inventoristes très sollicités.
Quel est donc, alors, le choix optimal ?
PHILIPPE BECKER.- Fin septembre est une bonne date. Elle est d’ailleurs très en vogue actuellement pour les entreprises car elle permet de cumuler tous les avantages. Bien évidemment, si tous les pharmaciens choisissent cette date, l’avantage disparaîtra ! Mais disons que toutes les dates situées entre le 31 juillet et le 30 novembre sont à étudier par préférence aux autres.
Peut-on changer la date de clôture comme on le veut ?
CHRISTIAN NOUVEL.- La première règle posée par le code général des impôts est de clôturer son exercice comptable chaque année (même si l’officine débute un exercice en novembre). Ensuite, le choix étant libre, on peut le modifier. Chacun comprendra que si le chef d’entreprise a des droits, il ne peut en abuser. En d’autres termes, il faut être raisonnable.
En quoi faut-il être raisonnable ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Par exemple, il est déconseillé de raccourcir l’exercice chaque année ou encore de réduire le nombre de mois de façon importante. Encore une fois, il n’y a pas d’interdiction à le faire, mais le pharmacien s’expose à des demandes d’information de la part du fisc, voire plus… Ajoutons que, pour les sociétés, toute modification de la durée de l’exercice doit être approuvée en assemblée générale extraordinaire, ce qui génère des honoraires et des frais et suppose un accord large des associés.
PHILIPPE BECKER.- Il reste que la technique est intéressante lorsque, pour des raisons diverses et variées, le résultat fiscal attendu est plus élevé qu’à l’habitude. En réduisant de trois mois l’exercice, on réduit de 25 %, à peu près, l’imposition et les cotisations sociales. L’impact est sensible pour les pharmaciens qui sont soumis au régime fiscal de l’impôt sur le revenu du fait de la progressivité du barème. Pour ceux qui sont à l’impôt sur les sociétés, il s’agit plutôt de différer une sortie de trésorerie.
Peut-on, inversement, avoir un exercice supérieur à douze mois ?
PHILIPPE BECKER.- Tout à fait, cela est le cas lors de la première année d’activité et lors de la vente d’une pharmacie individuelle. Lors d’un début d’activité, avoir un exercice long (par exemple de 18 mois) présente un avantage : il permet d’amortir les frais d’acquisition sur plus de douze mois. Par contre, il y a aussi un inconvénient : le manque de visibilité sur les chiffres. Il est donc souhaitable de mettre en place un tableau de bord, même simplifié, pour comparer les réalisations avec le plan prévisionnel. Nous le constatons actuellement, la première année est décisive et il faut donc mettre tous les atouts de son côté pour contrecarrer des dérives éventuelles.
Dernière question, quelle est la meilleure date pour vendre son officine individuelle ou ses parts sociales ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Pour les pharmaciens exerçant sous forme individuelle et soumis à l’impôt sur le revenu, il est souhaitable d’éviter d’allonger la durée de l’exercice, car on accentue alors la progressivité de l’impôt. En général, le début de l’année est une bonne date, car elle évite une prise en compte immédiate du produit de la vente dans la base de l’impôt sur la fortune. Mais attention à ne pas céder le 3 janvier surtout si l’officine était fermée lors de cette période ! L’abus de droit serait flagrant… Pour la vente des parts sociales, nous conseillons, autant que faire se peut, une vente qui coïncide avec la clôture de l’exercice comptable de la société. Un point très important est de veiller à respecter les délais pour bénéficier des exonérations en matière de plus-value suite au départ en retraite.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion