Le Quotidien du pharmacien.- La progression des ventes en ligne en Europe, surtout pour les OTC, mais aussi pour les prescriptions là où elles sont autorisées, semble suivre une courbe ascendante. Y a-t-il une limite à cette expansion, et comment inverser la tendance ?
Claudia Korf.- Tous les acteurs de la santé doivent se mobiliser pour que la vente en officine reste la règle, et la vente en ligne l’exception. C’est le seul moyen de conserver un réseau officinal bien réparti dans tous les pays. Malheureusement, les ambitions de certains grands groupes internationaux, en premier lieu Amazon, risquent au contraire d’accélérer le phénomène. Nous devons sensibiliser encore plus le monde politique comme la population des risques que font courir ces sociétés à la bonne répartition des pharmacies. Nous n’avons pas beaucoup de marge d’action pour cela, mais nous pouvons et devons changer nos pratiques, développer nos nouvelles missions de santé et en obtenir la rémunération.
Certains pays, comme la France et la Belgique, développent des services innovants, qu’il faut généraliser en Europe. De plus, en renforçant nos expertises dans des domaines comme la pharmacie clinique et la prévention des iatrogénies, nous ne rendons pas seulement service aux patients, mais nous contribuons à maîtriser les dépenses de santé, et c’est aussi pour cela que notre profession a de l’avenir.
Les ventes en ligne progressent partout en Europe, et selon certaines grandes pharmacies en ligne, les ordonnances électroniques pourraient encore accélérer le phénomène, dans les pays, comme l’Allemagne où les prescriptions en ligne sont autorisées. Comment réagissez-vous à ces prédictions alarmantes pour les officines ?
En Allemagne, les ventes en ligne représentent à peine 1 % des prescriptions, mais il est vrai que la situation pourrait évoluer rapidement avec les ordonnances électroniques. Toutefois, les officines proposent de nombreux services de qualité, face auxquels les pharmacies en ligne ne pourront pas s’aligner, surtout lorsque nous pourrons développer des services rémunérés. De plus, notre future plateforme en ligne permettra à nos clients de déposer leur ordonnance en ligne et de savoir immédiatement quand leur commande sera prête, à quelques pas de chez eux. Les pharmacies en ligne se disent à une portée de clic des ordonnances électroniques, mais nous le sommes aussi ! Je n’ai pas peur des pharmacies en ligne car nous restons très proches des patients, avec une large gamme de prestations.
Faut-il redouter, un jour, que l’Union européenne ne force les pays qui refusent d’autoriser les ventes de prescription en ligne à les accepter ?
Actuellement, seulement 8 pays les autorisent, et tout montre que ce système est loin d’être un succès, car on ne relève aucune tendance pour le généraliser. La Commission européenne n’a aucun projet dans ce sens, et je pense que si cela se produisait, elle se heurterait à une très forte opposition politique de la part des pays concernés.
*Association fédérale des pharmaciens allemands.
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