« DEPUIS L’ANNÉE 2000, treize pharmacies ont disparu, dont cinq pour la seule année 2011. » Pour Corinne Trémons, présidente de la chambre syndicale des pharmaciens du Lot-et-Garonne, il y a une évidente accélération de la fermeture d’officines dans le département. « Certes, il y a des regroupements, mais aussi des fermetures pures et simples, parce que le titulaire est décédé et qu’il n’y a pas eu de repreneur, ou par faillite. » Les raisons, on les connaît, ce sont les mêmes qu’au niveau national. Elles sont liées à la dégradation des conditions d’exercice de la profession, mais avec les spécificités tenant au caractère rural du département : des structures économiques faibles et une désertification médicale croissante. « Il y a un très fort déséquilibre dans la démographie médicale du Lot et Garonne, avec des secteurs saturés, comme celui de Villeneuve-sur-Lot, et d’autres qui se vident », observe Corinne Trémons. Le syndicat se veut force de conseil auprès des pharmaciens qui connaissent des difficultés, même si, de l’aveu de Corinne Trémons, le nombre de pharmacies syndiquées est faible dans le département : 68 sur 136. Pourtant, le syndicat peut délivrer des conseils utiles dans des situations particulières de conflits ou plus communément relatifs à la gestion des officines, par exemple.
Créer un « pôle de fixation ».
L’une des meilleures solutions préconisées devant la solitude économique de la petite pharmacie est le regroupement. Opération qu’Olivier Pauvert et Sophie Perrot, titulaires en plein cœur de Marmande, estiment nécessaire dans un contexte où les petites villes ont vu leur activité commerciale sortir du centre vers la périphérie. « La répartition des officines n’a pas suivi cette évolution et on se retrouve avec de nombreuses petites officines en centre-ville, tandis que la périphérie, où il y a plus de flux passants, dispose de grosses structures », explique-t-il. C’est la raison pour laquelle il a tout de suite réagi quand la titulaire d’une officine voisine a programmé son départ à la retraite. « Nous étions trois petites officines sur une distance de 150 mètres, avec chacune un chiffre d’affaires allant de 500 000 à 1,6 m€, explique-t-il. Ma consœur et moi avons eu la même idée au même moment, regrouper les trois officines. » Il faut dire qu’un espace commercial de 450 m2 s’est libéré en plein centre-ville, une aubaine pour les deux titulaires. « Ca nous a permis de partir sur un nouveau projet, avec une taille critique suffisante pour être vendables à l’avenir, ce que nous n’étions pas les trois chacun de notre côté. »
L’objectif était de créer un « pôle de fixation » en centre-ville où la concurrence reste vive, sept officines sur moins de 2 km2, selon Olivier Pauvert. Six mois après l’ouverture de la nouvelle officine, la Pharmacie du Centre, le co-titulaire affiche sa satisfaction. Un personnel plus nombreux (les différents salariés des trois pharmacies d’avant le regroupement), des plages d’ouverture plus larges, plus de produits et de meilleurs prix, tout ce que permet d’obtenir un chiffre d’affaires suffisant. Une réussite qui passe par la consultation de nombreux spécialistes, assureurs, banquiers, architectes et surtout experts comptables qui ont conseillé les deux titulaires sur le régime patrimonial de l’entreprise, laquelle a pris le statut de SELARL. Même si cela n’a toujours pas été facile, notamment au plan administratif, ce qui a induit beaucoup de retard, le jeu en vaut largement la chandelle. Mais, au-delà des difficultés matérielles auxquelles tout regroupement est confronté, le plus important est « de faire attention à sa capacité de travailler en association », conseille Olivier Pauvert. « Il faut savoir tout partager, les compétences, les décisions, les embêtements… » Un défi sans doute pour une profession réputée individualiste, mais nécessaire. Corinne Trémons est dans le même état d’esprit en préconisant les échanges et la circulation d’informations entre pharmaciens.
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